Bilan des élections pour Cristina Kirchner
26 nov. 2011Mise à jour : 26 novembre 2011. Article écrit par Leo Sounigo.
« Ces chiffres m’impressionnent et je suis infiniment reconnaissante. Si j’avais parlé de ces chiffres là, il y a à peine deux ans, on nous aurait traité de folle », déclare Christina Fernandez de Kirchner ce dimanche 23 octobre. A priori, ces chiffres ne semble surprendre qu’elle. Mais en réalité, cela ne surprend personne ou presque. Depuis le retour de la démocratie en Argentine, aucun candidat n’avait connu une telle victoire. Avec plus, plus de 53% de voix, Christina Fernandez de Kirchner remporte haut la main et dés le premier tour, cette élection présidentielle, devançant ainsi, le candidat socialiste Hermes Binner avec 17% des voix et les candidats Eduardo Duhalde et Ricardo Alfonsin . Majoritaire au sénat et au congrès, gagnante dans presque toutes les provinces du pays, la victoire semble éclatante. Lors de son discours, Madame Kircher a tout de même salué le courage et la détermination sans failles de ses principaux rivaux, en affirmant qu’il est du rôle de la démocratie de faire en sorte que s’exprime le pluralisme politique. |
De Santa Cruz à la Pampa, en passant par San Juan, Buenos Aires, et Mendoza, celle que l’on surnomme au pays, « la viuda bruja » (la sorcière veuve), semble encore avoir frappé. Les résultats sont sanglants diront certains, écrasant diront d’autres. Christina Fernandez de Kirchner s’impose dans toutes les provinces, excepté la province de San Luis. Dans cette province, c’est Alberto Rodriguez Saa qui l’emporte tout comme pour les élections pour la place de nouveau gouverneur Claudio Poggi, qui s’impose avec plus de 57% des voix, face au candidat du Frente Para la Victoria, Alfonso Verges. Mais, c’est dans la province de Formosa avec plus de 75% des voix que Kirchner remporte le plus de voix. Enfin, victoire quasiment historique dans la province de Cordoba (cette province apparaît depuis 2003 comme le fief de l’anti kirchnérisme). A Buenos Aires, les premiers résultats officiels ont montré le net avantage de Daniel Scioli, sur Fransisco de Navarez. A Santa Cruz, terre traditionnellement Kirchneriste, Daniel Peralta, a bénéficié du soutient de la Campora, avec plus de 60% des voix. |
Video : Cristina Kirchner parle pour la premiere fois de competitivité de l'industrie argentine. De l'eau dans son vin, elle demande à maintenant s'assoir à la même table des dirigeants economiques afin d'arriver a`des accors. Au passage, de ne pas deballer les problemes aux "medias" (clin d'oeil à Clarin), comme si il ne fallait pas rendre public les problemes des relations entre gouvernement et acteurs economiques. Novembre 2011 |
Cependant, certains se demandent, si le système du pluralisme politique est encore d’actualité : aujourd’hui, peut-on encore dire que plusieurs partis rythment la vie politique argentine ? Ne faut-il pas plutôt penser que ce sont des fragments de partis, qui dominent ? Au cours de l’ère Kirchner, s’est mis en place une sorte de « moi gouvernemental », où l’Etat apparaît comme le tremplin des citoyens argentins. Plus d’aides sociales, l’Etat est toujours et encore plus fort. En ce sens, nombreux sont les analystes politiques qui pensent que Christina Kirchner a pris la tête de ce nouveau mouvement. Actuellement, le risque semble élevé puisque la tendance va vers une concentration verticale des pouvoirs. Le risque d’une suppression des minorités politiques est donc actuellement très présent en Argentine, au vue de ces derniers résultats. Dans un article consacré au journal la Nacion, le journaliste chroniqueur, Santiago Kovadlov, voit dans ces résultats, une incapacité de l’opposition à s’organiser pour promouvoir un projet durable et cohérent. Mais, il voit surtout dans cette victoire une victoire symbolique : selon lui, le nom de Nestor Kirchner, raisonne encore plus et toujours plus fort, partout dans le pays. |
Si l’on analyse la tendance sur les réseaux sociaux comme Twitter, par exemple, 50% des commentaires encourageaient celles qui désormais tiendra le pays pour quatre ans. Bien entendu Kirchner bénéficie du soutient populaire, mais aussi d’une partie des votes de la classe moyenne et de la classe moyenne supérieure. Ce qu’il y a de surprenant dans ces résultats, est aussi que Kirchner a gagné la majorité des voix dans les communes agricoles, alors que cette dernière est bien loin de bénéficier du soutient du monde agricole. Le président de la fédération agraire en Argentine, a d’ailleurs affirmé à l’issu des élections : « Kirchner a aujourd’hui tout le pouvoir : elle a donc aucune excuse pour ne pas limiter le rôle des firmes multinationales, et pour ne pas développer le crédit dont a tant besoin notre monde agricole ». Dans le monde industriel, le responsable de la UIA (une association chargé de promouvoir le secteur industriel), Mendigueren, s’est félicité du succès de Kirchner. Le but est désormais de promouvoir de nombreux leaders dans le monde industriel argentin, afin de lutter conte la crise économique et de bâtir une véritable compétitivité. |
Vidéo : Explication de la bonne santé de la production argentine. Exportation vers le Brésil, Le soja vers la Chine. Problemes : dette externe, augmentation des "gastos publicos" passant de 29 à 39% de PIB. Trop d'emplois subventionnés, frais sociaux. Le cout : Augmentation des impots, inflation, financement des plans sociaux avec les reserves. Manque de transparences de chiffres economiques de l'Argentine, unique pays du G20 à ne pas suivre les regles du FMI. Le "miracle economique" est fictif, il va falloir affronter maintenant la réalité ! |
La victoire de Christina, c’est en fait l’histoire de cette femme qui a su s’imposer dans le paysage politique argentin, l’histoire d’une femme qui porte en elle le deuil de son mari : « J’ai su dès le jour des funérailles, que je devais poursuivre pour lui ». Cette victoire sonne donc également comme un hommage pour l’homme qui a fait de son épouse, la première dame du pays et qui a sauvé à plusieurs reprises « le pays de la crise économique ». La question est maintenant de savoir à quoi lui servira cette victoire, les problèmes réels sont encore là et non résolus, dettes internationales, inflation incontrôlée, manque d’investissement étranger, système bancaire inefficaces, pauvreté en augmentation, taux d’intérêt vertigineux, manque d’une politique sociale d’envergure, gangrènage d’un système politique ou copinage et corruption ont la part belle, relation avec le syndicat CGT non résolue, et enfin dévaluation de la monnaie qui ne va plus trop tarder….. |
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