Théâtre National Cervantes (Retiro - Buenos Aires)
18 sept. 2011Mise à jour : 18 septembre 2011. Catégorie : Buenos Aires. Article écrit par Laurence Hilleret.
À Buenos Aires, l’idée de théâtre est bien souvent associée à un seul lieu emblématique : el Teatro Colon. Cependant, la capitale fédérale est une capitale artistique et ainsi, regorge d’autres établissements qui valent le détour. Le Teatro Nacional Cervantes est un de ceux-là. Situé sur l’avenida Cordoba, à l’angle de la rue Libertad, le vieux théâtre, classé monument historique de la ville depuis 1995, s’élève encore après toutes ces années et propose diverses activités culturelles : les pièces de théâtre classique ou d’auteur côtoient les cours et autres ateliers, les concerts et ballets, les congrès d’acteurs mais aussi les rétrospectives cinématographiques. |
Photo : En 1920, angle de l'avenida Córdoba à droite et de la calle Libertad à gauche. Même angle que la photo actuelle placée dans l'encart supérieur. Surprenant l'elargissement du trottoir avec la façade en construction du futur théâtre qui passe derriere une ancienne boutique qui a l'air encore ouverte ! |
En 1921 s’achève la construction du Cervantes, nom donné en l’honneur du grand auteur espagnol, Miguel de Cervantes (Maria Guerrero ayant toujours refusé que le théâtre porte son nom). Le 5 septembre 1921 marque le jour de la concrétisation du rêve du couple Guerrero : ce jour est celui de l’inauguration, au cours de laquelle Maria tient le rôle principal dans la pièce La Dama Boba de Lope de Vega. Le théâtre représente alors un réel accomplissement culturel et social dans la ville de Buenos Aires. Il est le lieu privilégié des rendez-vous d’artistes, d’intellectuels et de la haute société de l’époque. La presse portenienne en fait des gorges chaudes et salue l’accomplissement du rêve des Guerrero. |
Photos : Façade du teatro sur l'Avenida Córdoba, Interieur de la salle, Affiche inaugurale du lundi 5 septembre 1921. |
En 1935, on nomme premier directeur du théâtre Cervantes, un acteur et directeur d’oeuvre, Cunill Cabanellas. C’est sans doute l’époque d’or du Cervantes, accompagné par Rómulo Berruti en charge du poste d’« Administrateur de la Comedie », il joua un grand rôle dans la vie et le développement du théâtre. Ses objectifs étaient l’amélioration du niveau de réalisation artistique (effets scéniques, détails du décor, jeu de lumières…) et la recherche du perfectionnement théâtral dans le jeu des acteurs. Par ailleurs, il soutenait les auteurs nationaux (même novices) dans le choix du répertoire et ainsi participa à la création d’un atelier de réalisation scénique. Pour lui, les auteurs nationaux de qualités étaient indispensables. Il marqua le début de la « Comédie », le 24 avril 1936 et se retire en démissionnant en 1941.
Jusqu’en 1956, de multiples directeurs se succédèrent à la tête du Cervantes. Le 14 août 1956 est créée la « Comédia Argentina » qui se veut plus qu’une simple troupe d’acteurs et qui a pour vocation de remettre au goût du jour la littérature dramatique et l’art scénique en général. Orestes Caviglia est alors nommé directeur (jusqu’en 1960). Il participe à la création d’ateliers de diction, d’improvisation, de récitation… Sa philosophie se résume en ces mots : « La comédie argentine sera un lieu de vocation et non un instrument de vanité (…) les acteurs sont au service du théâtre ». |
L’incendie d’août 1961 :
L’histoire du Cervantes prend cependant un tour tragique quand le 10 août 1961, un court circuit sur la scène, provoque un incendie qui ravage le théâtre. Grâce aux rideaux de sécurité, actionnés assez rapidement, les dégâts ont été limités, mais ils s’élèvent quand même à près de 50 millions de pesos. Le projet de réparations est confié à l’agence d’architecture Mario Roberto Álvarez y Asociados. Ce nouveau projet permet d’ajouter une annexe au théâtre, et surtout d’agrandir la scène. L’espace scène est monté sur 17 niveaux, 3 sous-sols, le niveau scène et 13 étages de décors et de materiel technique. Cependant, le reste du théâtre (et notamment le hall principal) fut reconstruit à l’identique, dans le style architectural baroque espagnol d’alors, fortement empreint d’influence de la Renaissance, que voulurent lui donner les architectes Fernando Aranda Arias et Emilio Repetto. Sept ans de travaux, de modernisation et d’embellissements pour que le 18 juin 1968 le théâtre réouvre pour un concert donné par l’Orchestre Symphonique National. En 1994, le Théâtre est enfin classé monument historique National et en 1997 par décret obtient une certaine indépendance financière et artistique de l’Etat bien qu’étant toujours attaché au Secrétariat de la Culture. |
La restauration de 2009 :
Le secrétaire de la Culture de la Nation, Jorge Coscia, et l’ambassadeur espagnol en Argentine, Rafael Estrella, signe le 2 septembre 2009, la mise en marche de la première étape d’un plan de restauration et de modernisation du Teatro Cervantes, décidée en mars de la même année à Madrid. Cette initiative de l’Etat Espagnol est la principale pour commémorer le bicentenaire de la Nation. L’Espagne prend à sa charge les coûts (300.000 euros) de la pré étude du projet.
En 2011, le théâtre est toujours en rénovation. De larges échafauds cachent sa façade afin de restaurer les vitraux du hall central et de la salle principale. Cependant, il accueille toujours les activités artistiques au sein de ses trois salles, de son hall principal et de son salon bleu. La programmation nationale mais aussi internationale, très riche et hétérogène du théâtre permet de satisfaire tous les arts, que ce soit la danse, la musique, le cinéma ou le théâtre, bien sûr. Proposant des films et expositions gratuites, il faut compter une quarantaine de pesos pour voir un « vrai » spectacle. |
Aujourd’hui, comme hier, le théâtre Cervantes reste un lieu incontournable de la vie artistique de Buenos Aires. L’association des amis du théâtre national de Cervantes contribue d’ailleurs à faire vivre sa diversité culturelle et décerne le Prix Maria Guerrero qui récompense acteurs, actrice, directeur… Né du rêve d’une actrice passionnée, il continue à faire vivre l’art et rêver le spectateur. Les mercredis, vous pouvez passer à 14h pour bénéficier d’une visite guidée du théâtre, jouée par les acteurs (La visita de los Quijotes- $20). À 17h, attardez-vous pour voir gratuitement un des films de Leonardo Favio dans le cadre d’une rétrospective qui lui est dédié. Et enfin, ne partez pas sans avoir vu à 21h une pièce gratuite (elle aussi !) d’un compositeur argentin. Simple visiteur, ou fervent amateur de théâtre n’hésitez surtout pas à passer par le Cervantes, ne serait que pour poussez ses portes de la calle Libertad et jeter un coup d’œil au hall et à la salle. Vous êtes juste à deux cuadras du Colon, faites d’une pierre deux coups, ça sera votre journée théâtrale ! |
Informations pratiques : Adresse : Avenida Cordoba 1155 (a l'angle de la calle Libertad) Pour s’y rendre : Station de métro : Tribunales. Téléphone : (011) 4815-8883 Secrétariat de direction secprivada@teatrocervantes.gov.ar Bureau des relations culturelles relacionesinstitucionales@teatrocervantes.gov.ar Site web : http://www.teatrocervantes.gov.ar/sitio/site/home/default.php Directeur actuel (en 2011): Rubens W. Correa |
A lire aussi dans le Petit Hergé : Cafayate (Salta) : Le village de Cafayate se trouve dans l'extrême sud de la province de Salta, il est le passage obligé pour visiter la vallée Calchaquie et la Quebrada de las Conchas, ainsi que pour découvrir les bodegas de la région. Il y a à Cafayate 1.200 hectares de vignoble, tout est parfait pour permettre l'élaboration d'un bon vin, sol, terre, climat, 300 jours d'ensoleillement par an, altitude et une amplitude thermique idéale entre la journée et la nuit. La première et plus ancienne bodega de Cafayate toujours en activité est celle de La Banda datant de 1857.
Cachi (Salta) : Son nom proviendrait du quechua “kallchi” qui signifie "sel". Comme toujours on a des doutes sur la signification de ce nom et on avance d’autres explications comme celle de la contraction des mots « kak » (pierre, rocher) et de « chi » (silence ou solitude), une troisième interprétation traduit le mot « Cachi » en « belle vallée ». Bien avant l’arrivée des espagnols, ce lieu même était habité par les indiens chicuanas. Par beau temps on peut apercevoir la montagne Cachi qui culmine la région de ses 6.380 m d’altitude, comme il est très souvent enneigé on le dénomme "el nevado cachi".
Pour un village qui aura fait sa réputation par les bodegas et qui est devenu au fil des années une étape (presque) obligatoire pour tout voyageur de la province, il était donc normal de disposer d’une infrastructure à la dimension de ses prétentions et d’offrir au salteños comme aux visiteurs un lieu consacré au vin (pour ne pas dire un « temple »)...
L'or en Argentine : (Octobre 2010)
L’or est à nouveau la "nouvelle" richesse de l’Argentine. Les entreprises canadiennes, australiennes ou encore sud-africaines, déjà bien implantées en Argentine, ont prévu d’augmenter leur budget lié à l’exploitation de terres rares dans les provinces de Santa Cruz, San Juan, Catamarca, La Rioja, Salta et Jujuy. L’Argentine compte aujourd’hui 12 mines en activité et 3 en construction...
Le Shopping Annuar (Jujuy) : (Janvier 2010)
Voilà que la ville de San Salvador de Jujuy vient de se doter d’un nouveau centre commercial. Le centre commercial est en plein centre ville, sur un terrain étroit au milieu d’une « manzana » (pâté de maison) reliant les deux rues sur lesquelles s’ouvrent ses deux accès. Ce centre commercial a donc été traité comme si il s’agissait d’une rue piétonne reliant les deux rues les plus empruntées du centre...
Gualeguaychu (Entre Rios) : (Juin 2011)
La ville fut créée le 18 octobre 1783 par Tómas de Rocamora, et fut nommée San José de Gualeguaychú (ou Villa San Josef de Gualeguaychú). Son nom bien particulier proviendrait des guaranis alors installés dans la région au XVIIème siècle et qui avait nommé cet endroit pour désigner les « eaux tranquilles ». Quelques voyageurs en 1662 avaient déjà repérer les lieux et les indiens, mais il faut attendre 1753 pour que les premiers colons s’installent et montent des estancias dans les parages...
|