Mise à jour : 16 décembre 2015 (Deuxième édition). 18 avril 2013 (Première édition)

nullProvincia de Misiones :

 

Voilà une province que l'on croit connaitre car les guides ne la réduisent qu’aux chutes d'Iguazu et à la rigueur à un rapide passage aux ruines jésuites de San Ignacio. Pourtant, la Provincia de Misiones regorge d'autres attraits touristiques. C'est ce que je vous propose de découvrir…

Comptez une bonne semaine, ou même une dizaine de jours sur place pour connaitre cette province qui a la même taille que l’Autriche. Si vous louez une voiture pour parcourir la province (ce que je recommande toujours) comptez faire environ un circuit de 1.500 km. Si vous voyagez en bus, il faut être un peu plus patient mais y a de nombreuses compagnies qui peuvent vous emmener dans tous les villages.

N’oubliez tout de même pas que c’est une province où il pleut très souvent ! Pluies fortes et soudaines et laissant place ensuite à un beau soleil. Si vous n’y allez que 2 ou 3 jours c’est un peu la roulette russe, vous pouvez « mal tomber » et rester bloqués à l’hôtel, car visiter sous une pluie torrentielle ce n’est pas vraiment le mieux ! Par exemple sachez qu’à Paris il pleut en moyenne 600 mm par an, à Puerto Iguazu 1900 mm ! Ce qui explique l’abondance de la flore !

Enfin un dernier conseil, prenez votre temps, vous êtes loin de Buenos Aires (La capitale de la province Posadas est à 1000 km, et Puerto Iguazu à 1350 km), donc si vous vous déplacez si loin de la capitale argentine, ce n’est pas pour 2 ou 3 jours. La visite de la province de Misiones, c’est la faune, la flore, le folklore, les traditions, l’émigration européenne d’Europe Centrale, la gastronomie, les forets, l’agriculture, la culture du mate, les indiens guaranis, les ruines jésuites, et les très nombreux parcs nationaux, provinciaux qui doivent dépasser la cinquantaine. Il y a de très nombreux cours d’eau, donc c’est aussi la pèche et le poisson qui sera servi dans votre assiette ! Prenez votre temps ! Vous êtes en vacances !

Comme d’habitude, si vous avez des questions plus personnelles (et même très pointues) à me soumettre, n’hésitez pas à me les envoyer à mon adresse mail : petitherge@hotmail.com

Bonne lecture !

 

Photo : Une vache vous regarde le long de la RP5 au sud d'Obera.

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Infographie : A gauche carte physique de la province de Misiones. A droite, carte politique. Cliquez sur les cartes pour les agrandir vous les verrez parfaitement dans leurs détails.

nullHistoire en quelques mots :

 

La région est connue par les espagnols depuis 1541, mais il faut attendre l’arrivée des jésuites en 1609, pour que ceux-ci commencent à s’occuper de la culture guarani (connaissance de la culture du mate entre autre), les évangéliser et leur enseigner, culture, élevage, architecture, musique, etc… C’est la fondation de plus de 30 missions par les religieux qui développent la région alors nommée « Gobernacion de las Misiones Guaranies ». Le terrain d’action des jésuites est alors immense et comprend non seulement ce qui est aujourd’hui la province de Misiones, mais aussi la partie nord est de la province de Corrientes, toute la frange est du Paraguay ainsi que les territoires appelés Misiones Orientales, qui représentent aujourd’hui presque la totalité de l’état Brésilien du Rio Grande do sul et de l’ouest de l’état de Santa Catarina. En 1767 les jésuites sont expulsés sous l’ordre du Roi d’Espagne et cette date marque la fin de l’âge d’or de la province qui connaitra pillages, invasions des portugais et ensuite des brésiliens. Les guerres d’indépendance du Rio de la Plata de 1810 continueront à affaiblir l’ordre de Buenos Aires sur cette région. Entre 1820 et 1830 ce sont des invasions brésiliennes qui annexent toute la partie orientale des Misions à l’Empire du Brésil et ensuite à partir de 1834 ce sont des guerres contre le Paraguay qui termine de mettre à mal la province. Les Paraguayens occuperont jusqu’en 1865 certaines parties de la province. Il faut attendre 1881, pour que la province de Misiones (alors appelée Territoire de Misiones) se détache de la province de Corrientes et acquiert un semblant d’autonomie. Le territoire est alors totalement dépeuplé en raison d’un siècle de guerres presque ininterrompues. En 1895, le Brésil met encore la main sur un territoire gigantesque à l’est du rio San Antonio, Misiones perd alors 30.000 km2 en faveur de l’état de Santa Catalina et du Rio Grande do sul. Enfin en 1953, le Territoire devient officiellement Province de Misiones.

 

L’histoire de cette province est donc riche, et la connaissance des anciens villages qui ont pu se former à partir d’ancienne missions jésuites est captivante. Pour les curieux de cette culture jésuite mélangée à l’apport guarani, il y a quelques missions à connaitre. Les anciennes missions sont toutes différentes et souvent étaient chacune spécialisée dans un propre domaine économique (agriculture, meubles, élevage, arts religieux, etc..). Visiter plusieurs anciennes missions est donc à chaque fois une nouvelle découverte. Au total, il y a eu 30 « Missions » installées dans un espace s’étendant sur 250 km d’ouest en est et de 300 km du sud au nord.  Les plus intéressantes (ce n’est qu’une opinion personnelle) sont au nombre de 8, celle de San Miguel de las Misiones (Rio Grande do Sul), San Ignacio (Misiones),  Santísima Trinidad del Paraná (Paraguay), Jesús de Tavarangüé (Paraguay), Santa María la Mayor (Misiones), Nuestra Señora de Loreto (Misiones), Nuestra Señora de Santa Ana (Misiones), San Cosme y Damian (Paraguay). Elles se tiennent toutes dans un mouchoir de poche (dans un secteur étendu comme la Bretagne), donc en voiture de location, ou en bus, n’hésitez pas à passer les « frontières internationales ». Pour les Européens pas de visa pour passer au Brésil ou au Paraguay, le passage est très rapide. Pour les Québécois par contre, un visa est demandé pour le Brésil. 

 

Photo : En haut, La mision jésuite de San Ignacio. Photo Petit Hergé octobre 2012. En bas, le Fortin Mborore. Photo 2010.

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nullNature dans la province de Misiones :

 

Nous sommes en plein dans l’éco système de la selva misionera (foret). A l’origine toute la province et les zones paraguayennes et brésiliennes qui l’entourent en était couverte. Si du coté brésilien, la presque totalité de la selva a disparu à partir des années 1950 (Il ne reste plus que le Parque Nacional do Iguaçu dans l’Etat du Paraná), du coté argentin, la province est encore recouverte au tiers par cette foret. L’arbre le plus répandu et un des plus spécifiques à la région est le cèdre missionnaire (Cedrela fissilis) tout comme le Timbó colorado (Enterolobium contortisiliquum) et le Pin du Paraná (Araucaria angustifolia). L’amplitude thermique est assez étroite, les températures oscillant toute l’année entre 19ºC l’hiver et 29ºC l’été. Par contre ce qui est le plus souvent mal vécu est le taux d’humidité qui reste en permanence élevé, pour ne pas dire souvent proche de 100%. La rosée est très présente chaque matin. De par sa végétation luxuriante, la faune est variée et compte de très nombreuses espèces malheureusement aujourd’hui en voie d’extinction (surtout coté brésilien). Le gouvernement de la province de Misiones protège maintenant de nombreuses espèces et a conscience de leur importance. C’est ainsi que le jaguar, le tapir et le fourmilier sont maintenant classés comme faisant partie du patrimoine naturel. Perruches, faucons, perroquets abondent, tout comme les tatous, les singes, les cerfs. Il n’est pas rare de voir passer en travers de la route devant vous toute une famille de tapirs. Quant aux coatis ils envahissent littéralement le Parc d’Iguazu.

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Photo : On en croise toujours sur les routes de Misiones. Influence de l'Europe Centrale.

nullLes populations :

 

Après les guerres du XIXème siècle et la presque disparition de toute la population, l’Argentine ouvrent ses frontières, et dès 1881 (année de la création du territoire de Misiones) peuple la province de colons européens. Ce sont des colonies d’origines allemandes, russes, ukrainiennes, polonaises, scandinaves et d’Europe Centrale qui viennent créer des villages.

Il n’est donc pas rare de voir à Misiones des « misioneros » aux traits slaves ou germaniques. D’où un intérêt de s’attarder à découvrir une gastronomie folkloriquement déconcertante où certains plats d’Europe centrale se sont argentinisés, ou des plats à base des très nombreux poissons des rios se sont retrouvés cuisinés de manière originale.

La ville de Apostoles, par exemple, est une création des Polonais, tout comme les villages de Puerto Rico et de Montecarlo par les Allemands, Concepcion de la Sierra par les Ukrainiens, etc…

La population de Misiones est aujourd’hui (Estimation 2012) de 1.250.000 habitants, souvent concentrés dans les villes. Les plus importantes sont : Posadas (300.000), Puerto Iguazu (90.000), Obera (60.000), Eldorado (60.000), Monte Carlo (40.000), Leandro Alem (30.000)., Aristobulo del Valle (25.000), San Pedro (25.000).

D’après le recensement de 2010, il y a dans la province, 13.000 personnes se déclarant guaranis (ou descendants de guaranis). Il y a 44.000 étrangers installés à Misiones, dont une majorité de Paraguayens (27.000) et de Brésiliens (13.000).

II y a seulement 2.000 européens (essentiellement Allemands et Espagnols). La pluparts des émigrants européens ont double nationalité et se déclarent Argentins lors des recensements, ce qui altère un peu les statistiques.

Photo : Enfants Guaranis à Misiones (Photo 2009).

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Photo : Argentins d'origine ukrainienne dans la ville d'Obera lors d'un défilé.

Vidéo : Vous ne rêvez pas, vous êtes bien à Misiones dans la ville d'Obera. Avril 2011, Fête Nationale de l'émigrant.

nullTourisme dans la province de Misiones :

 

Les deux "spots" (ou fanions principaux) pour le touriste international sont les chutes d’Iguazu et les ruines de San Ignacio Mini. Le Parc d’Iguazu est devenu une véritable machine à faire entrer des devises dans la province et la construction d’un aéroport international à l'intérieur même du parc à contribué à faire venir des touristes de Buenos Aires, de Sao Paulo et de Rio même pour quelques heures. En 2005, 1 million d’entrée dans le parc d’Iguazu, en 2009 baisse à 871.000 visiteurs, en 2012, chiffre record 1.350.000 entrées vendues. Si la visite du parc vaut le détour (71% d’opinion favorable, 28 % d’opinion moyen, et 1% défavorable), se retreindre uniquement à visiter ce spot reviendrait à faire un voyage de Madrid à Paris pour visiter uniquement la Tour Eiffel. Certains dimanche plus de 10.000 visiteurs dans la journée.

Pour etre un peu plus tranquilles, évitez de visiter le parc les samedis et dimanches et les mois de janvier et de février. 

La visite du parc national d’Iguazu comme la visite de la mission jésuite de San Ignacio sont recommandés, mais une fois sur place à Misiones, la province recèle des dizaines d’autres trésors à découvrir totalement hors chemin battus.

 

Pour ce qui est des parcs régionaux ou nationaux, les plus importants et les plus intéressants sont : le Parc provincial Mocona, le Parc provincial Salto Encantado, Parc Provincial Profundidad, et le Parc Provincial Yacuy.

Les principales beautés naturelles : Le Salto Gramado, le Salto Elena, le Salto Küpper, le Salto central, le Salto Capiovi, le Salto Alegria, le Salto Berondo, la gruta India, l’Ile Caraguata-i.

Les principales curiosités : les mines de pierres précieuses de Wanda, le labyrinthe végétal de Montecarlo, la résidence du Che Guevara à Caraguatay.

Les principales misions jésuites : Santa Ana, Nuestra Señora de Loreto, Santa Maria Mayor.

Les villes et villages intéressants : Posadas, Montecarlo, Obera, Apostoles.

Les curiosités agricoles : La culture de la yerba mate (Apostoles), les activités liées à l’industrie du bois (Eldorado).

 

Pour découvrir rapidement la province, louez une voiture à Posadas pour faire une boucle. Remontez le rio Paraná en visitant les villages que vous traversez jusqu’à Puerto Iguazu, puis redescendez en passant par l’intérieur de la province, Aristobulo, Obera, Apostoles. Comptez entre 7 et 10 jours.

Posadas peut être aussi la porte d’entrée vers le Paraguay voisin qui propose dans un rayon de 100 km autour de Posadas, les misions jésuites de Trinidad et de Jesus, toutes deux classées par l’UNESCO, à voir aussi celle de San Cosme.

 

Photo : Les célèbres chutes d'Iguazu. Photo Petit Hergé octobre 2012.

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Photo : Les chutes de Mocona dans le Parc Provincial de Mocona.

nullEconomie de la province :

 

L’économie « misionera » ne génère que 1,5% de l’économie argentine (pour 2,7 % de la population nationale), elle reste faible et la province reste une province pauvre. Elle a su tout de même se développer avec un taux de croissance annuel de 5 % pendant 16 ans (de 1991 et 2007). Par secteur, les services (dont le tourisme) représentent 56% du produit brut, suivi à 20 % par la construction, 15% l’industrie manufacturée (dont pate à papier) et 6% l’agriculture.

Le tourisme est donc le moteur principal de la province, en entrées directes fiscales, en création de poste de travail, mais aussi permet de développer la construction, hôtellerie, infrastructures, aéroports, etc…

2 millions de touristes sont venus dans la province en 2012 (dont 1.350.000 seulement pour les chutes d’Iguazu), on peut faire un raccourci en disant que les chutes d’Iguazu sont la principale industrie de la province. Ce n’est malheureusement pas suffisant car la province s’autofinance qu’à hauteur de 21 % (Pour info les provinces riches comme celle de Buenos Aires ou celle de Santa Cruz s’autofinance à 51% et la ville de Buenos Aires à 88%), le reste venant dans un système fédéral de la Nation.

L’activité agricole de la province est concentrée sur la Yerba mate, le thé, le citron, le bois, et toute l’industrie de la pate à papier et du bois de construction.

La Yerba mate se cultive sur 160.000 hectares dans la province, elle est concentrée dans les départements de Obera, San Ignacio et Apostoles.

Le thé occupe 50.000 hectares dans les mêmes départements que ceux du mate.

Autre culture importante, le tabac, 24.000 hectares plantés dans les départements de Guaraní, 25 de Mayo, Cainguas, L.N. Alem et Gral. Belgrano.

Enfin l’industrie forestière qui occupe a elle seule, 300.000 hectares dans les départements de San Pedro, General Manuel Belgrano, Iguazú, Eldorado, Montecarlo, Guaraní, 25 de Mayo, Cainguas et Libertador General San Martín, c’est à dire toute la moitié nord de la province. Le bois le plus produit est le Pino Parana qui est un pin originaire de la région, ainsi que le pin Elliott, originaire de la Louisiane et du Mississipi et qui s’est parfaitement acclimaté à Misiones. On plante aussi de nombreux eucalyptus.

Autrefois Misiones produisait de nombreuses oranges mais celles-ci furent remplacées par les citrons, mandarines et pamplemousses. La production de ces citriques est faible (3% du pays). Ils sont destinés soit à la consommation locale, exportés aux provinces voisines (Corrientes), ou alors pour l’élaboration de jus de fruit.

Le Tung est un arbre originaire de Chine qui est cultivé pour extraire les graines de ses fruits avec lesquels on obtient de l’huile. La production d’huile de tung de Misiones est destinée presque exclusivement à l’exportation surtout vers les Etats-Unis et les Pays Bas.

L’élevage est assez restreint dans la province, presque exclusivement des bœufs Shorthorn, Hereford, Aberdeen Angus et Holandaise mais surtout le zébu qui convient totalement au climat misionero.

 

Photo : Transport par camion de la Yerba Mate.

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Photos : A gauche forestation près de San Ignacio, à droite paysage vers Mocona.

nullLes conseils du Petit Hergé :

 

Vous aurez compris, la province de Misiones en plus de vous proposer les chutes d’Iguazu, a le privilège de pouvoir compter au moins une bonne vingtaine de parcs provinciaux peuplés d’animaux et d’especes végétales propres à chaque site. Le centre de la province vallonnées et boisées dans le nord contraste avec le centre et le sud plus peuplé et agricole. C’est l’occasion de visiter des établissements « yerbatero », ou des estancias spécialisées dans le thé, la culture des citrons ou l’élevage des zébus.

Coté vielles pierres, une douzaine de missions au sud de la province dont au moins 4 valent une visite. Autre intérêt, l’émigration de l’Europe Centrale qui apporte à chaque village sa spécificité, les habitants en sont fiers et chaque localité abrite un musée de l’émigration où vous pouvez vous replonger dans le début du XXème siècle.

Gastronomie liée au Rio Parana, pisciculture et pêche dans les eaux des très nombreuses rivières. Mélange du monde guarani, de l’Europe Centrale et des habitudes argentines qui ont déjà été influencées par le Brésil tout proche. C’est magique !

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