Pôle pour l'industrie audiovisuelle à Buenos Aires
22 sept. 2011Mise à jour : 22 septembre 2011. Article écrit par Leo Sounigo.
Les Américains, à tort ou à raison ont été les premiers à démontrer que l’industrie de l’audiovisuelle et du cinéma était d’abord et avant tout un business, et dans un second temps un art. Même si ce point de vue nourrit de nombreux débats, force est de constater que le secteur de l’audiovisuel apparaît, de plus en plus comme un secteur économique à part entière. En Argentine, et à Buenos Aires notamment, une loi (la résolution 1.169), a récemment été mise en place afin de promouvoir et de favoriser l’émergence d’une zone spécialisée dans l’audiovisuelle. Qu’en est-il exactement ? Il convient alors d’expliquer en quel sens et en quelle mesure l’industrie de l’audiovisuelle tend à prendre une place de plis en plus importante. En 2010, l'industrie audiovisuelle a été la deuxième industrie exportatrice de la ville ! Photo : De jour comme de nuit, des tournages dans les rues de Buenos Aires ! |
A l’heure actuelle, la ville de Buenos Aires compte depuis 2009 un pôle audiovisuel étendu sur cinq quartiers. Autrement dit, les entreprises implantées au sein de cette zone peuvent bénéficier d’avantages fiscaux non négligeables (toutes les sociétés et PME venant s’installer entre Uriarte, Dorego, San Martin, ou encore Cordoba, n’auront pas à payer d’impôt sur les bénéfices : cela est valable pendant quinze ans pour les entreprises nationales et valable pendant dix ans pour les entreprises étrangère) et de subventions étatiques leur permettant de développer considérablement leur activité. Que ce soit dans les quartiers de Palermo, Chacarita, ou encore Colegiales, les prix des loyers pour les sociétés de productions voulant s’implanter dans cette zone irait en diminuant. Tout le matériel technique nécessaire à la réalisation et à la conception d’un film ou d’un documentaire verrait également son cout baisser considérablement. Par ailleurs, la banque de la ville de Buenos Aires a implanté des lignes de crédits visant à faciliter l’accès au crédit pour les entreprises du secteur. |
Photo : Tournage du film "There be dragons" en 2010 à Lujan (70 km de Bsas). L'action de la scène se situe en Espagne pendant la guerre civile. Film du réalisateur français Rolland Jofé, le film est hispano américain, il est sorti en salle en Espagne le 11 mars 2011. |
Le président de la ville était récemment intervenu (le 12 juillet 2009), au sein du centre culturel Carlos Gardel afin de présenter ce projet. Entouré d’Horacio Rodriguez Larreta, le secrétaire général du gouvernement, ou encore de Marcos Pena, le ministre du développement économique, Macri a ainsi affirmé que « l’objectif était de réussir à créer de nombreux emplois au sein de secteur ainsi que de positionner Buenos Aires comme une plaque tournante et une ville incontournable de la production audiovisuelle ». Cabrera, le ministre du développement économique, à quant à lui affirmé que l’Argentine était le quatrième exportateur mondial de programmes télévisés et que le pays fournissait actuellement plus de 80 pays qui diffusaient directement au sein de leur chaine nationale les programmes télévisés produits en Argentine». Les exportations dans ce secteur ont atteint un montant de 420 millions de dollars en 2009. L’objectif premier serait donc à présent d’augmenter les exportations de films, publicités, documentaires. |
Plan : Le pôle audiovisuel de Buenos Aires. Il comprend Palermo Hollywood, Chacarita, Paternal, Villa Ortuzar et Colegiales. |
Pour aller encore plus loin, la création d’un pole audiovisuel apparaît comme une formidable opportunité pour entrainer d’autres branches de l’activité économique : en effet, l’audiovisuel est un secteur qui est générateur d’investissement indirect très important, puisque pour environ 100 pesos qui sont investis dans la production d’un film ou d’un documentaire, il y a environ 40 pesos qui sont destinés à des investissements concernant d’autre branches de l’économie comme l’hôtellerie ou la gastronomie. D’autre part, il semblerait que la formation d’un pole audiovisuel s’inscrive dans une tendance générale du gouvernement à vouloir renforcer ce secteur : Macri a en effet, récemment mis en place une véritable éducation audiovisuelle au sein des écoles, visant à renforcer la créativité des élèves. En novembre dernier, Macri avait également lancé un nouveau programme devant permettre la diffusion de courts métrages, réalisés par des enfants. En ce sens 146 courts métrages, ont été diffusés (documentaire, film d’animation, fiction). Selon Macri, le projet est donc global : promouvoir un véritable pole audiovisuel, mais aussi une certaine sensibilité et créativité artistique. D’autant plus, que ce projet devrait entrainer la création d’un centre culturel, situé dans l’ancien marché Dorrego. Ce centre permettrait d’abriter les bureaux de la BASET (Buenos Aires Set de Filmacion) et du BACF (Buenos Aires Film Comission). De nombreuses projections, suivies d’analyses poussées concernant le film auront également lieu. Le montant de l’investissement de ce projet est estimé à environ 30 millions de dollars. En réalité, la formation d’une véritable industrie audiovisuelle s’inscrit actuellement dans un contexte, ou la télévision, sous toutes ces formes est mise à mal. Il s’agit donc de lutter contre, ce que certains comme François Jost (un spécialiste qui a dirigé de nombreuses conférences à la UBA sur les évolutions des programmes télévisés), « une banalisation de la télévision ». Selon lui, la multiplication des talk show, d’émissions de télé réalité, débouche sur une infantilisation des programmes télés. On peut donc penser que ce grand projet, permettrait d’une part d’augmenter la qualité des programmes (de par la vocation artistique du projet), mais aussi leur rentabilité. Photo : Fin 2010, tournage de "Un Cuento Chino" avec à gauche l'acteur Ricardo Darin et le réalisateur Sebastián Borensztein. Le film est sorti en Argentine le 24 mars 2011, en Espagne le 17 juin 2011. Scène tournée dans le Barrio Chino de Buenos Aires. |
Photo : En mai 2010, tournage avec 500 figurants pour une publicité grecque pour VODAFONE JACARANDA. Dans el micro centre de Buenos Aires. |
Après Hollywood et Bollywood, voilà Buellywood Le magazine américain vient de publier le classement où se tourne le plus de film en extérieur, la ville de Buenos Aires arrive en 5ème position. Autres chiffres pour l’année 2010, la ville de Buenos Aires (Les tournages sur lieux privés, hôtels, maisons, supermarchés, ou ….studios et plateaux de tournage ne sont pas pris en compte) a enregistré et donné son feu vert pour le tournage dans ses rues à 353 spots publicitaires, 33 tournages en extérieur pour des longs métrages et à 46 programmes de télévision. Sont pris en compte uniquement les tournages en extérieur sur l’espace public. Dans la province de Buenos Aires et essentiellement en banlieue de Buenos Aires, on arrive à 726 autorisations de tournage en espace public pour l’année 2010. Il est vrai que si la production audiovisuelle est encore méconnue en France, elle l’est déjà bien plus en Espagne et en Amérique latine. De nombreuses collaborations entre sociétés de productions argentines et ibériques a fait que le cinéma argentin depuis une bonne dizaine d’année s’exporte très bien et attire un public à chaque fois plus nombreux (Les films comme Nueve Reinas, Le bonaerense, El hijo de la novia, sont tous connus des espagnols). De plus avec une multiplication des chaines de télévision en Argentine avec l’arrivée du câble au début des années 90, il a fallut produire de plus en plus de programme (fiction, telenovelas, jeux, documentaires, etc…) La langue espagnole permet aussi de pouvoir exporter dans une vingtaine de pays, y compris pour les chaines hispanophones des Etats-Unis. La production croissante a aussi demandé la formation de nombreux techniciens dans toutes les branches, des costumes au maquillage et des images de synthèses au matériel de tournage, qui ont mis les sociétés argentines au plus haut niveau de compétence. De plus au début des années 2000 avec la dévaluation du peso, les plateaux de tournages ont attiré des sociétés étrangères dans l’industrie de la publicité à Buenos Aires qui ont vite pris leurs habitudes pour ensuite s’y installer. 10 ans plus tard, l’infrastructure existe, les techniciens sont efficaces, et un savoir faire argentin profite à la production nationale comme aux tournages étrangers. Le dernier petit coup de pousse vient maintenant cette année de la ville de Buenos Aires pour permettre de recentrer toute cette activité au sein d’une même zone géographique de la capitale et avec la loi 1169 de défiscaliser en partie cette industrie. Si vous êtes de passage a Buenos Aires, sachez que chaque samedi et dimanche de très nombreux spots publicitaires sont tournées en décors extérieurs en milieu urbain et facile d’accès pour les curieux ! (voir ci dessous). |
Vidéo : En 2009, tournage dans le stade de Racing à Buenos Aires du spot Renault pour le marché français "Les implacables". Difficile souvent pour le téléspectateur français de se douter que les spots sont tournés en Argentine ! Contact : http://vincentburgstahler.wordpress.com/ |
A lire aussi dans le Petit Herge : Publicités de Renault Argentine. (Juin 2007). Quelques publicités argentines et bresiliennes de la marque Renault entre 2000 et 2007. Campagnes pour les lancements de la Clio 2 et de la Logan. ![]() Pablo Trapero et Leonera. (Mai 2008). Depuis ce matin, on en parle partout dans la presse argentine, c’est la présentation du premier film argentin lors du festival de Cannes. Gros plan donc sur le réalisateur du film « Leonera ». Ils’agit de son 5ème film long métrage. Cette fois ci, Pablo Trapero s'attaque au difficile problème d'être mère en milieu carceral. Il a filmé une bonne moitié du film dans une véritable prison ou les acteurs (ou plutot actrices) étaient entourés par des extras, véritables pensionnaires.
Sergio Corbucci (1927-1990) était un réalisateur italien, spécialiste du genre péplum et western italien des années 50 et 60 (quelques policiers aussi). Sans atteindre la grandeur d’un Sergio Leone, il n’est pas non plus à ranger dans les séries Z, mais nous pouvons lui octroyer un niveau de bonne série B.
![]() La Feria de Belgrano (Belgrano - Buenos Aires).(Septembre 2011). Quand on sort à la station Juramento, on se retrouve, sans forcément le savoir, dans un quartier gorgé d’histoire : le barrio Belgrano. Celui-ci s’étend au nord de la Capitale Fédérale. Comptant plus de 130 milles habitants (pour la plupart de classe moyenne à supérieure), pour une superficie d’environ 6,8km2, le quartier de Belgrano est une des zones les plus commerciales de Buenos Aires. Ainsi, en fin de semaine, la feria de Belgrano prend place le long de l’avenue Juramento et fait revivre ce quartier incontournable de la vie porteña. |