Mise à jour : 17 octobre 2011. Article écrit par Elodie Charrier.

Pour connaitre tous les résultats des élections présidentielles argentines, législatives, sénatoriales et des gouverneurs du 23 octobre 2011 : Cliquez ici.

Hermes Juan Binner :

 

Hermès Binner est officiellement déclaré candidat aux primaires socialiste le 11 juin 2011 par le congrès socialiste. Son duo avec la sénatrice de la province de Cordoba Norma Morandini obtient environ 11% des voix lors des élections dites primaires du 14 août 2011. Se plaçant ainsi en 4ème position derrière Christina Kirchner, Alfonsin, et Duhalde, Hermès Binner devient de fait candidat pour les élections générales d’octobre 2011.

 

Suisse et Argentin :

Issu d’une famille d’immigrés suisses, Hermes Binner est né le 5 juin 1943 dans la ville de Rafaela, situé dans la province de Santa Fe. Petit-fils de Suisses, il détient d’ailleurs la double nationalité suisse et argentine. Durant ses jeunes années, il suit ses études à l’université de Rosario où il étudie la médecine du travail et l’anesthésiologie (médecine spécialisée en anesthésie et réanimation). En parallèle, il est nommé responsable du Secrétariat en charge des activités extracurriculaires au sein de son université (Secretaría de Extensión Universitaria). Il s’occupe alors du développement de programmes culturels, cinématographiques et musicaux. Lorsqu’il est diplômé en 1970, il commence à travailler dans le secteur de la santé publique. En tant que médecin, il aide et rend régulièrement, visite aux habitants des quartiers pauvres de Rosario. Ces travailleurs de l’industrie portuaire et frigorifique vivent en effet dans une situation précaire, en marge de la société. Hermès Binner est aujourd’hui un homme marié et père de 5 enfants.

Photo : En 1990, ministre de la santé d ela province de Santa Fe.

Vidéo : Reportage socialiste sur les débuts de la vie politique de Binner. 

Du parti socialiste argentin à la mairie de Rosario :

Socialiste passionné et convaincu, Hermès Binner commence à militer très tôt auprès du parti socialiste / (des différentes organisations socialistes que sont : le parti socialiste argentin, le parti socialiste populaire, et plus tard le parti socialiste réunifié.) Dès 1972, il œuvre pour la reformation du parti socialiste alors appelé parti socialiste populaire, sous la tutelle de Guillermo Estévez Boero. Fort opposant à la dictature militaire et critique acerbe de la violation des droits de l’Homme en Argentine, Guillermo Estévez Boero est également le fondateur du Parti Socialiste Populaire. Entre 1989 et 1993, Hermès Binner occupe le poste de secrétaire à la santé pour la ville de Rosario. La municipalité est alors aux mains du socialiste Hector Cavallero. Il perd cependant les élections de vice-gouverneur de la province de Rosario avec un score qui s’élève alors à 8,5% des voix. Puis entre 1993 et 1995, Binner devient conseiller municipal de la ville de Rosario. De 1995 à 2003 il enchaine deux mandats en tant que maire de Rosario. Cependant lorsqu’il se présente aux élections de gouverneur de la province en 2003, il est balayé par un autre candidat en raison d’une loi très controversée et aujourd’hui abrogée. Cette loi appelée « La loi des slogans » (Ley de lemas)  permettait en effet à un parti de présenter plusieurs candidats, puis d’attribuer le cumul des voix de tous les candidats réunis sous le même « slogan », c’est-à-dire réunis au sein du même parti, au plus voté d’entre eux. Ainsi, bien qu’étant le candidat ayant reçu le plus grand nombre de voix, Binner est balayé par son concurrent Jorge Alberto Obeid, du parti péroniste « el Partido Justicialista ».

Député de la Province de Santa Fé puis Gouverneur :

Poursuivant une carrière politique couronnée de succès, Hermès Binner enchaine les postes à responsabilités. En 2005 il est élu député national représentant la province de Santa Fe sous les traits du front progressiste, civique et social (une alliance entre plusieurs partis dont le parti socialiste, et l’union civique radicale). Lors des primaires socialistes de 2007 il obtient 44,96% des voix en se joignant à Griselda Tessio, mais c’est cependant Rafael Bielsa qui remporte le plus de voix au sein de son parti. Cependant Hermès Binner parvient finalement à s’imposer pour obtenir le poste de gouverneur de la province de Santa Fe. Le résultat du scrutin est de taille : Binner devient le premier gouverneur socialiste de l’Argentine.

Vidéo : Spot de la Campagne Binner 2011. 1 mn

Son cheval de bataille : La santé

La ville de Rosario et la province de Santa Fe doivent à Binner plusieurs réussites, la plus importante étant celle qui touche le secteur médical. Binner a en effet voulu implanter un système de santé public et gratuit pour tous les citoyens. Celui-ci est basé sur un système de centre de soins échelonné en trois niveaux d’attention : basse, moyenne et élevée. Sur le projet de construction de 80 centres, 50 ont déjà été réalisé dans la province. Ce projet a d’ailleurs été salué et érigé en exemple par l’organisation panaméricaine de santé. Mais ses efforts se sont également concentrés dans d’autres domaines tels la décentralisation en accentuant la participation citoyenne, la Justice en modifiant le système pénal, l’éducation en augmentant le nombre d’écoles, le travail en aidant les PME, améliorant les conditions de travail des employés et en assurant une certaine flexibilité du système de retraite. De nombreuses réalisations bien concrètes sont largement saluées par les habitants de Rosario et de la province de Santa Fe : la transformation du théâtre El Cairo en une salle de cinéma public et espace culturel, la construction de plusieurs routes, avenues et parcs rendant Rosario encore plus belle entre autres. « Solidarité, participation et transparence », slogan de son mandat semblent bien être les traces qui résultent de son passage à la tête de la province Santa Fe et de la ville de Rosario. Hermès Binner souhaite défendre des valeurs éthiques, lutter contre l’exclusion, l’inégalité et la pauvreté avant tout.

Discret, il regroupe les opposants et les déçus du kirchnérisme :

Hermès Binner est vu par les Argentins comme un homme discret, voire timide, surtout en comparaison avec les autres hommes politiques argentins, souvent extravertis voire frivoles. Mais pas seulement. Hermès Binner, assez peu connu à l’extérieur de sa province jusqu’à peu, commence à attirer l’attention de plus en plus d’antikirchnéristes. Il a en effet sur faire parler de lui, et en bien. Sa bonne gestion de la province de Santa Fe et de la ville de Rosario, et surtout la transparence dont il a su faire preuve ne manquent pas de le faire reluire auprès des électeurs. Hermès Binner ne serait encore apparu dans aucun cas de corruption de corruption sérieuse !

Cependant tout n’est pas rose. Même si ses électeurs semblent l’apprécier, et que la plupart des électeurs de sa province semblent trouver que son travail a porté ses fruits pour la ville de Rosario et la province de Santa Fe, ses détracteurs  dénoncent quelques exagérations : un salaire relativement élevée pour lui et tous les membres de sa famille, qui se voient accorder des places de fonctionnaires au service de la municipalité ou de la province (sa femme, Silvana Codina, devient architecte fonctionnaire pour la province, ses deux filles deviennent fonctionnaires municipales, etc…). D’autres bruits circulent sur son dos notamment sur le site « El ruido de las nueces ». Il aurait par exemple chassé deux fonctionnaires parce qu’ils n’auraient pas voté pour lui lors d’une élection invoquant la cohérence du projet politique entre les hommes qui travaillent dans une même municipalité. Il a cependant réfuté ces accusations.

 

La naissance d’un socialisme à l’argentine,  troisième pôle politique pour le pays :

Se présenter aux élections présidentielles lui parait une évidence. Il estime en effet que les partis de centre gauches ont aujourd’hui une chance unique de renverser la tendance péroniste et le bipartisme ambiant en Argentine. En analysant la situation dans les différentes provinces du pays, il est vrai que nombre d’entre elles sont devenues socialistes. Les différents partis tels le Partido Socialista santafesino, le Partido Nuevo cordobés, ou le Proyecto Sur porteño ont su faire leur preuve. Les électeurs croient en eux, et il semblerait qu’un mouvement progressiste se dégage au sein du peuple argentin. Cependant ce mouvement a besoin d’un soutient présidentiel pour espérer atteindre ses objectifs, et surtout former, sinon une majorité, au moins un ensemble législatif suffisamment important pour être efficace. Or pour réussir à décrocher la présidence à l’issu des scrutins il ne lui semblait pas judicieux de se présenter sous les seules couleurs du parti socialiste, mais plus du FAP : le « Frente Amplio Progresista » c’est-à-dire le Grand Front Progressiste. Sûrement un clin d’œil aux Uruguayens Tabare et Mujica.

 

A lire dans le Petit Hergé :

Elections présidentielles argentines d'octobre 2011- Les elections d'Octobre 2011.(Octobre 2011). Nous voilà sur la dernière droite avant les élections présidentielles argentines. Il s’agit du premier tour, mais la candidate sortante Cristina Kirchner est donnée en tête de tous les sondages avec plus 51% des intentions de vote. La bataille est pourtant bien là, puisque si les autres candidats ne se font pas trop d’illusions, il y a à la fois des batailles à mener pour chacun d’entre eux pour assurer leur place sur les sièges de l’assemblée nationale et du sénat..(Lire la suite).

 

Cristina Fernández de Kirchner- Cristina Fernandez Kirchner.(Octobre 2011). Cristina Kirchner, né le 19 février 1953, à la Plata, avocate de formation et diplômée en 1979, fait ses études en science légale et sociale, à l’Université de la Plata. Sur les bancs de l’université, Cristina rencontre Nestor. Un sourire, un regard. Cristina est conquise par le charisme de ce monsieur. Mais surtout, le couple partage les mêmes idées, puisqu’ils sont tous les deux membres, à l’époque de la jeunesse universitaire péroniste...(Lire la suite)

 

- Eduardo Duhalde.(Ocotbre 2011). Eduardo Duhalde connait très bien le monde politique argentin, ne se décourage pas et affirme que rien n’est joué pour le moment, il avance ses pions et ses hommes à la chambres des députes et au sénat, puisqu’à la même date auront lieux les élections législatives. Détestant le couple Kirchner, il en fait aujourd’hui une question personnelle. La politique, le pouvoir et les relations. Au courant de toute la vie politiques et de ses dessous depuis les années 90, il a les moyens de sortir les dossiers gênants quand il veut...(Lire la suite).

- Ricardo Luis Alfonsin.(Octobre 2011). Pour Alfonsin, un seul et même leitmotiv : construire l’Argentine de la mobilité sociale ascendante, celle dans laquelle il grandit, avec cette fois ci en ligne de mire la liberté et l’égalité pour tous. Son slogan est  «Transformer la croissance en développement », ses buts principaux sont d’en finir avec la pauvreté extrême, de suivre le principe du fédéralisme, de respecter strictement les institutions et de permettre à chaque région en Argentine de faire entendre sa voix..(Lire la suite).

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