Eduardo Duhalde
17 oct. 2011Mise à jour : 16 octobre 2011. Article écrit par Linda Souak.
Pour connaitre tous les résultats des élections présidentielles argentines, législatives, sénatoriales et des gouverneurs du 23 octobre 2011 : Cliquez ici. |
Eduardo Duhalde : A quelques jours maintenant du premier tour des élections présidentielles, beaucoup se posent la question de savoir s’il est utile que des opposants au régime se présentent puisque d’après les premiers sondages l’actuelle présidente Cristina Fernandez Kirchner serait donnée gagnante avec au moins quinze points d’avance sur son premier concurrent. Pour autant, Eduardo Duhalde qui connait très bien le monde politique argentin, ne se décourage pas et affirme que rien n’est joué pour le moment et qu’il reste convaincu d’un possible changement en Argentine. Si les élections présidentielles peuvent lui paraitre perdues, il avance ses pions et ses hommes à la chambres des députes et au sénat, puisqu’à la même date auront lieux les élections législatives. Détestant le couple Kirchner, il en fait aujourd’hui une question personnelle. La politique, le pouvoir et les relations. Au courant de toute la vie politiques et de ses dessous depuis les années 90, il a même de sortir les dossiers gênants quand il veut. Homme puissant et dangereux, tout le monde le craint, on voudrait le voir en retrait mais il est encore là et joue les trouble-fêtes ! |
Eduardo Duhalde, un homme de pouvoir très controversé : Né le 05 octobre 1941 à Lomas de Zamora dans la province de Buenos Aires, cet homme a déjà occupé de nombreux postes politiques dont celui de Président de la République par intérim lors de la crise de 2001-2002. Après des études de droit à l’université de Buenos Aires, Eduardo Duhalde devient avocat en 1970. Déjà à cette date, il milite pour le parti justicialiste (parti péroniste) et s’engage en politique en devenant conseillé municipal de sa ville d’origine puis maire par intérim. Eloigné de la politique par la dictature militaire qui règne de 1976 à 1983, il reprend sa carrière d’avocat et défend certains péronistes persécutés par le régime. Au lendemain du retour à la démocratie, il récupère son poste de maire à Lomas de Zamora. Grâce à nombre de ses projets, notamment la création d’une agence –pionnière en son genre- de prévention et d’aide aux personnes droguées, il accroit sa popularité dans la province de Buenos Aires. Ceci lui permet de se faire davantage connaître en ville et de parvenir au poste de député en 1987. Alors récemment élu au poste de Président du Parti Justicialiste, Carlos Menem devient en quelque sorte le mentor de Duhalde avec qui il se rapproche de plus en plus. C’est ainsi que ce dernier se retrouve sur le ticket de Menem aux élections présidentielles de 1989 ; le Parti Justicialiste ayant remporté les élections, Duhalde devient alors vice-président de la République durant un temps et par conséquent Président du Sénat. Toutefois, celui-ci a d’autres ambitions c’est pourquoi il se retire assez rapidement de ses fonctions pour se présenter en tant que gouverneur de Buenos Aires. En effet, avec 38% de la population totale du pays et 32% du PIB, la gouvernance de la province de Buenos Aires représente le second poste le plus convoité après la Présidence du pays. Photo : Duhalde "menemista" dès 1989. Il l'accompagnera jusqu'en 1999. |
Vidéo : Interview politique pro Duhalde en juin 2011. Critique contre le gouvernement de Kirchner contre le manque de vision à long terme. Il décrit l'Argentine comme un bateau à la dérive. Suite et fin de l'entretien sur : http://www.youtube.com/watch?v=INOEBOrq2Kw |
Les années 90 : Gouverneur de Buenos Aires : Il parvient à ses fins en 1991 lorsqu’il est finalement élu Gouverneur de la province de Buenos Aires. Cette période continue d’accroitre la popularité d’Eduardo Duhalde, même si elle sera par la même occasion le point de départ de nombreuses controverses à son encontre. En effet, celui-ci parvient à se faire apprécier en lançant de nombreux programmes à caractère social favorisant ainsi l’emploi et l’extension des services sociaux ; toutefois ceci a un coût, et c’est en laissant les caisses des autres provinces quasi exsangues que le gouverneur parviendra à financer ses projets pour le grand Buenos Aires. De plus, alors qu’il est en mandat, explosent plusieurs affaires de corruption allant jusqu’à l’accuser de parrainer la mafia de la ville, de contrôler les trafics d’armes, de drogues etc. Malgré tout cela, Duhalde continue de convaincre le peuple et parvient même à faire voter un décret lui permettant de se présenter à la réélection. Il gardera le poste de gouverneur de 1991 à 1999. Ca sera l’époque de la main mise du « duhalismo » sur la province et la banlieue de Buenos Aires. |
Il veut la présidence mais l'obtiendra que par interim : Jusque là très proche du Président Menem, Duhalde décide de revoir sa stratégie car après avoir brigué les plus hauts postes ce dernier a décidé de s’attaquer à la Présidence. Pour se démarquer de celui qui était à présent son rival, Duhalde n’a pas hésité à évoquer le fait que le libéralisme à outrance déployé par Menem ne fonctionnerait plus et que le pays avait besoin de nouvelles méthodes pour sortir du marasme dans lequel il était plongé. A cet usage, il a d’ailleurs créé un think tank nommé le Groupe Calafate auquel ont participé pas mal de justicialistes de l’époque. Cependant il semble que ce ne soit pas suffisant puisque Duhalde sera finalement battu par le radical Fernando de la Rua qui deviendra Président de la République en 1999 avec 48,5% des voix. Malgré cette défaite, cela n’a pas découragé le candidat de persévérer en politique et lors de la crise de 2001-2002 qui a conduit le gouvernement de la Rua à démissionner –le ministre de l’Economie puis le Président- c’est ce même Duhalde qui assurera la Présidence par intérim à partir du 02 janvier 2002 pour un peu plus d’un an jusqu’à la préparation de nouvelles élections en avril 2003. |
Video : Spot officiel de la campagne 2011 de Eduardo Duhalde |
La montée de Kirchner et la perte d’influence dans la Province de Buenos Aires : Pensant qu’il aurait plus à gagner en appuyant le candidat officiel péroniste Nestor Kirchner en 2003, il ne se présente pas aux élections, se positionnant en retrait. Nestor Kirchner a alors besoin de lui et des ses millions d’électeurs de la banlieue porteña pour se faire élire. De son coté Duhalde pense récupérer en échange une place au gouvernement ou du moins créer du moins un pouvoir parallèle avec l’aide de ses alliés de la banlieue. Apres un peu plus d’un et demi de relation cordiale entre l’ancien gouverneur de Buenos Aires et le nouveau président de la République, il y a rupture par rivalité d’intérêt et de pouvoir. Kirchner veut placer un de ses hommes à la tête du PJ Bonaerense et se débarrasser une fois pour toute de Duhalde qui devient gênant. C’est lors des élections provinciales en 2003, que Kirchner lance son poulain Felipe Sola passé alors kirchnériste. (Depuis 2008, Sola est devenu anti kirchnériste). Duhalde perd des sièges au parlement de la province de Buenos Aires en 2005, et ne cache plus alors son désaccord total avec le président de la Nation. Lors des élections de 2007, Duhalde essaye de revenir mais c’est à nouveau un kirchnériste pur et dur Damiel Scioli qui est élu à la tête de la province. C’est le début d’une guerre de pouvoir entre les deux hommes qui continue maintenant contre Cristina Kirchner. Photo : Entre 2003 et 2005, Nestor Kirchner et Eduardo Duhalde ont besoin l'un de l'autre, c'est le grand amour ! |
La présidentielle de 2011, la campagne de trop ? On aurait pu croire qu’après tant de scandales politiques et personnels, un bilan économique peu glorieux après l’intérim assuré en 2002, Duhalde ne pourrait revenir sur le devant de la scène. Et pourtant, aujourd’hui il incarne derrière la favori –Cristina Kirchner- le candidat le plus susceptible d’accéder à la présidence de l’Argentine aux prochaines élections qui auront lieu le 18 octobre 2011. Bien qu’ayant soutenu Nestor Kirchner lors de son accession au pouvoir en 2003, ce dernier se positionne à présent en fervent opposant du kirchnérisme moderne ; ceci est aussi à rapprocher du fait que sa femme Hilda Gonzalez dit aussi « Chiche » Duhalde et sénatrice de la nation ait toujours été en concurrence avec la présidente actuelle (les deux femmes se détestent). Eduardo Duhalde a d’ailleurs récemment dénoncé avec virulence la fraude commise lors des primaires survenus il y a quelques mois : selon lui les résultats seraient totalement falsifiés, fruit d’une manigance du parti au pouvoir afin de se maintenir. Il prône ainsi davantage de transparence et de justice dans le système politique argentin- ce qui aurait de quoi en étonner plus d’un lorsqu’on observe un peu le passé du candidat. Malgré une crédibilité assurée et un programme électoral très développé, beaucoup soulignent tout de même le fait qu’aujourd’hui ces opposants même s’ils existent, ne feront pas nécessairement le poids face à Cristina Kirchner, d’autant qu’il s’agit de personnalités déjà vues à l’œuvre et qui peinent à démontrer quelque chose de nouveau. Toutefois le candidat Duhalde n’en démord pas et insiste dans les médias pour montrer l’importance de cette nouvelle candidature ; avec entre 20 et 30% d’intentions de votes, le candidat Duhalde reste à l’heure actuelle l’un des prétendants les plus sérieux au poste de Président de la République d’Argentine. |
A lire dans le Petit Hergé : - Les elections d'Octobre 2011.(Octobre 2011). Nous voilà sur la dernière droite avant les élections présidentielles argentines. Il s’agit du premier tour, mais la candidate sortante Cristina Kirchner est donnée en tête de tous les sondages avec plus 51% des intentions de vote. La bataille est pourtant bien là, puisque si les autres candidats ne se font pas trop d’illusions, il y a à la fois des batailles à mener pour chacun d’entre eux pour assurer leur place sur les sièges de l’assemblée nationale et du sénat..(Lire la suite).
- Cristina Fernandez Kirchner.(Octobre 2011). Cristina Kirchner, né le 19 février 1953, à la Plata, avocate de formation et diplômée en 1979, fait ses études en science légale et sociale, à l’Université de la Plata. Sur les bancs de l’université, Cristina rencontre Nestor. Un sourire, un regard. Cristina est conquise par le charisme de ce monsieur. Mais surtout, le couple partage les mêmes idées, puisqu’ils sont tous les deux membres, à l’époque de la jeunesse universitaire péroniste...(Lire la suite)
- Hugo Moyano et la CGT.(Septembre 2010). Hugo Moyano est "LE" personnage important de la scène politique et sociale argentine. Il est à la fois secrétaire général de la Confederación General del Trabajo (CGT), le plus important syndicat, président du Parti Justicialiste (PJ) de la province de Buenos Aires. Moyano mène parallèlement deux (voire trois) activités : La première, représentant syndical, la deuxième la politique l’intéresse. Sa troisième activité étant celle d’un homme d’affaire, mêlant politique et syndicalisme, ça lui donne souvent une longueur d’avance sur ses concurrents...(Lire la suite). - Dictature argentine, les vols de la mort.(Octobre 2009). Quelque 30.000 personnes ont été portées disparues durant la dictature militaire en Argentine (1976-1983), et au cours des "vols de la mort" les opposants politiques étaient drogués au Penthotal et jetés vivants, parfois morts, depuis des avions ou des hélicoptères militaires. Des centaines d'opposants ont ainsi été tués, y compris l'une des plus célèbres, Azucena Villaflor, fondatrice du mouvement des Mères de la Place de Mai, dénoncée à l’époque par le notoire capitaine Astiz, l’ange blond de la mort...(Lire la suite).
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