Mise à jour : 10 octobre 2011. Article écrit par Leo Sounigo

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Cristina Fernández de Kirchner :   

Vendredi 26 aout 2011, Buenos Aires, résultat des primaires. Les électeurs ont parlé. Cristina Fernandez de Kirchner, avec 50% des voies remporte au la main, les primaires, qui avaient été organisées dans le but de sélectionner les candidats à l’élection présidentielle du 23 octobre, et distance par la même occasion son principal rival, Alfonsin. « Il nous faut l’unité de tous les Argentins, pour pouvoir continuer », avait-elle affirmé après sa victoire. Réclamant un retour à l’unité et une fin des antagonismes traditionnelles, Cristina Kirchner, semble donc d’une manière ou d’une autre avoir quasiment assurée sa réélection. Cristina Kirchner, c’est en fait l’histoire d’une femme que l’on surnomme au pays « la viuda bruja » (la sorcière veuve), l’histoire d’une femme devenue veuve, d’une femme qui a su voir le jour, avant d’avoir été dans l’ombre de son mari. Mais c’est surtout l’histoire d’une combattante, d’une militante, d’une dame qui se réclame être péroniste, et appartenant au mouvement justicialiste, prônant ainsi l’aide aux plus pauvres, le développement industriel, le protectionnisme économique, mais aussi le respect des droits de l’homme et le respect des libertés individuelles. Le tableau semble beau, presque trop parfait diront certains. Alors quel est l’envers du décor, de cette femme, adulée et détestée ? Il paraît que tous les grands hommes, ont leur part d’ombre, leur point noir. Accusée, à tort ou à raison, de ne plus perpétuer les idées péronistes, mais seulement les réseaux clientélistes locaux permettant encore « aux péronistes » de se maintenir au pouvoir, le bilan moral et politique de Cristina Fernandez de Kirchner, semble contrasté. Mais la sorcière veuve a plus d’un tour dans son sac. Retour, sur la vie et la carrière de la première femme d’Argentine.

Lire aussi : Programme et projet de Cristina Kirchner pour 2011.

Sa montée en politique de Santa Cruz à Buenos Aires :

Cristina Kirchner, né le 19 février 1953, à la Plata, avocate de formation et diplômée en 1979, fait ses études en science légale et sociale, à l’Université de la Plata. Sur les bancs de l’université, Cristina rencontre Nestor. Un sourire, un regard. Cristina est conquise par le charisme de ce monsieur. Mais surtout, le couple partage les mêmes idées, puisqu’ils sont tous les deux membres, à l’époque de la jeunesse universitaire péroniste. En 1975, le couple devient alors mari et femme et décide d’aller s’exiler à El Calafate, afin d’échapper à la dictature. Cristina accouche de deux enfants, Florencia et Maximo. Cristina fait alors ses débuts sur la scène politique en 1989, date à laquelle elle est élue députée, à l’assemblée de Santa Cruz. En 1991, elle devient alors sénatrice fédérale dans la circonscription de Santa Cruz, puis député fédérale en 1997, avant de retourner au sénat en 2001. En 2003, son mari est élu président de la République Argentine. Cristina devient alors la femme publique, que l’on connaît aujourd’hui : femme de Nestor et première Dame d’Argentine. Loin de s’éclipser de la vie politique, Cristina a donc montré qu’elle était tout sauf une femme de l’ombre, et une femme au foyer. En effet, elle remporte les élections législatives de 2005 et est élue sénatrice dans la province de Buenos Aires.

La carrière politique de Cristina est donc bien lancée : le 28 octobre 2007, avec plus de 45% des voix, elle devient alors la première femme présidente d’Argentine, devançant alors par plus de vingt points Elisa Carrio, sa plus proche rivale. Le 10 décembre 2007, Cristina entre alors officiellement en fonction. Mais, il est clair, que le succès de Cristina lors de cette élection présidentielle est fortement lié à la réussite et à la popularité de son mari, qui en l’espace de quatre an est parvenu d’une part à restaurer l’autorité de l’Etat et à réduire la pauvreté, d’autre part. En place, depuis 2007, quel bilan tiré du mandat de Cristina Kirchner ?

Vidéos : Spots télévisés de 2011 pour la campagne electorale de Cristina Kirchner. Il faut bien entendu avoir une lecture critique sur ces 8 spots du "bilan" du gouvernement de la présidente sortante. D'une manière générale, fort populisme, drapeaux argentins sur la moitié des images et sentiment nationaliste. Le ton de voix qu'elle emploie est proche des intonation d'Eva Peron, ce n'est pas par hasard.

Spot 1 : La force des jeunes

Spot 2 : La Force du travail

Spot 3 : La Force du futur

Spot 4 : La Force de l'inclusion

Spot 5 : La Force de la dignité

Spot 6 : La Force de l'égalité

Spot 7 : La Force de la vérité

Spot 8 : La Force de la science

Contrôle de l'Etat dans tous les domaines :

En matière sociale, Kirchner milite pour toujours plus de justice sociale : la mise en place, en Octobre 2009, de l’allocation universelle pour l’enfant permet à toutes les familles de chômeurs de bénéficier d’un système d’allocation familiale, de 220 pesos. Force est de constaté, qu’au fil du temps, la pauvreté a un peu diminué, passant de 1,8 à 1,4 millions de personnes. Mais les chiffres sont donnés par l’INDEC contrôlé par le gouvernement et qui sont manipulés depuis 2007, donc difficile aujourd’hui de connaître réellement l’ampleur de la pauvreté dans le pays. Par ailleurs, Kirchner annonce en 2008, un plan de nationalisation des fonds de pensions ; le but était de mettre les retraites à l’abri de la fluctuation des marchés financiers, mais en fait l’Etat trouve de suites des millions de dollars qui iront ensuite éponger d’autres dettes. Un système de retraite par répartition est alors mis en place, avec la loi du 20 novembre 2008. Résultat : fuite des capitaux et baisse de la bourse. D’autre part, en matière du droit du travail, de nombreuses conventions collectives visant à augmenter les salaires et à améliorer les conditions de travail ont été signées.

En somme, la politique économique et social de Kirchner est loin d’être libéral : ses conflits récurrents avec les organisations patronales agricoles, sont d’ailleurs révélateurs d’une forme de protectionniste prônée par la présidente. La tentative d’augmenter les taxes à l’exportation sur le soja et le tournesol de 35 à 45%, ou encore la présentation de son plan stratégique d’industrialisation sont autant de choses qui lui font dire, que » le libre marché est un mythe avec lequel il faut en finir ».

Concernant les droits de l’homme, Kirchner a tenté à de nombreuses reprises, de critiquer et de décrédibiliser l’extrême droite argentine. En janvier 2010, elle signe un décret qui permet de déclassifier tous les documents relatifs à la dictature militaire.

   

Photos : Les relations sulfureuses, Hebe de Bonafidi, une des chef de file des folles de la place de Mai difficilement controlable, et Hugo Moyano, chef du syndicat CGT.

Un bilan bien difficile à définir :

En réalité, il est très difficile de dresser un bilan objectif du mandat du Cristina Kirchner. Son bilan moral porte souvent à confusion. En effet, plusieurs affaires semblent avoir sali la réputation de la première dame d’Argentine, notamment concernant son enrichissement au cours de l’exercice de son pouvoir. Selon le journal Clarin, « le patrimoine net du couple Kirchner est passé de 4,6 millions de dollars, à 12,8 millions de dollars en 2008, soit une augmentation de 158% ». Par ailleurs, souvent taxé de populiste, d’autres n’hésitent pas à la considérer comme une inculte. C’est par exemple le cas de l’écrivain péruvien, Vargas Llosa qui affirme : « ce n’est pas possible qu’un pays aussi riche que l’Argentine, puisse élire un président si inculte au niveau culturel ». Qu’en est-il exactement ? Que doit-on retenir de ces critiques ?

Cristina Kirchner, femme incontournable de la vie politique Argentine, semble d’une manière ou d’une autre, avoir marqué le pays : de par son envie de réduire les inégalités, l’intervention étatique qu’elle revendique (protectionnisme par exemple), elle apparaît aujourd’hui comme la candidate favorite numéro 1 pour les prochaines élections présidentielles.

 

A lire dans le Petit Hergé : 

Hugo Moyano et la CGT Argentine - Hugo Moyano et la CGT.(Septembre 2010).

Moyano mène parallèlement deux (voire trois) activités : La première, il est représentant syndical, la deuxième la politique l’intéresse. Sa troisième activité étant celle d’un homme d’affaire, puisqu’en mêlant politique et syndicalisme, Ça lui donne souvent une longueur d’avance sur ses concurrents...(Lire la suite).

 

Buquebus : Le lien entre l'Argentine et l'Uruguay- Buquebus, le lien entre l'Argentine et l'Uruguay.(Septembre 2010).

Buquebus est née en 1981 et en 1982, sa toute première ligne, Buenos Aires – Colonia, fut assurée par le Silvia Ana. Depuis, cette activité s’est largement développée. Buquebus a, entre 1982 et 1999, fait l’acquisition de 8 nouveaux bateaux destinés aux trajets dans le Rio de la Plata, et a élargi ses activités au tourisme en créant ses propres agences et vient de créer une compagnie aérienne...(Lire la suite).

Le déficit d'Aerolineas Argentinas- Le déficit d'Aerolineas Argentinas.(Septembre 2011).

Depuis maintenant près de 15 ans, la plus grande compagnie aérienne argentine est en crise. Fluctuant entre privatisation et nationalisation, Aerolineas Argentinas se bat pour rester le fleuron de l‘aviation nationale. Cela a un prix, et pas des moindres. L’état argentin ne cesse d’injecter de l’argent dans cette entreprise afin qu’elle garde la tête hors de l’eau : en trois ans, le gouvernement a injecté plus de 1900 millions de dollars...(Lire la suite). 

Argentine : Plus d'importation et moins d'investissement. Argentine : Plus d'importation et moins d'investissement.(Septembre 2010).

Les mesures protectionnistes prises par le gouvernement argentin ces derniers mois pour réduire les importations (taxe sur les produits électroniques, etc...) visent à réduire le déséquilibre de la balance commerciale argentine, due à la forte augmentation des importations en comparaison aux exportations...(Lire la suite).

 

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