Mise à jour : 25 octobre 2011 18h h.fra / 23 octobre 2011

Cristina Kirchner, pour 4 ans de plus !

Lundi 24 octobre, il est 09h30 à Buenos Aires (14h30 à Paris), temps gris avec une légère bruine sur Buenos Aires, chaque porteños descend de chez lui pour se précipiter sur le kiosco acheter son journal, les résultats sont là. Il a déjà pu suivre toute la nuit l’arrivée de tous les résultats nationaux et provinciaux sans interruption avec un passage en boucle des deux discours de Cristina Kirchner, celui donné devant ses cadres dans l’hôtel Intercontinental et puis plus tard dans la soirée celui de la Plaza de Mayo devant ses fidèles.

 

En premiere page du Clarin : “Cristina : Por cuatro año más !” Ben oui il faut bien se résigner, elle est encore là, indéboulonnable, droite dans ses bottes, auréolée d’un 54% jamais égalé dans l’histoire récente de la démocratie argentine. D’ailleurs ce matin, on ne parle que de ça dans les médias, on compare tous les chiffres des dernières élections présidentielles et on compare les premiers tours depuis octobre 1983 et l’arrivée d’Alfonsin (le père) au pouvoir. Personne n’a jamais pu atteindre le chiffre d’un 54% à un premier tour. Alfonsin avait atteint 51,75% en 83, mais on trouvait ça normal à l’époque après des décennies de dictature que ces élections se convertissent en referendum. Aujourd’hui, on rive les yeux sur les élections d’octobre 2007, où Cristina Kirchner avait déjà atteint 45 %, son mari Nestor 22% en avril 2003. Le meilleur à ce jeu avait été jusqu’à présent Carlos Menem lors des élections de mai 1995 qui lui assura son deuxième mandat avec 50% des voix au premier tour. Bref, on a beau chercher, dans le passé, elle est première à avoir atteint 54% en un tour, première femme à se faire élire à la tête de la présidence et aussi à se faire réélire !

Son bilan n’est pourtant pas rose du tout, mais les argentins ont voté pour elle, alors pourquoi ?

 

Avec Cristina Kirchner, les trois autres grands gagnants de ces élections sont :

 

Hermes Binner, qui arrive à la deuxième place des élections présidentielles, et qui aux yeux des argentins représente aujourd’hui la mutation d’une nouvelle opposition et d’un mouvement nouveau tel que le Frente Amplio Progresista maintenant que l’UCR et Alfonsin viennent de se ramasser la gamelle.

Daniel Scioli, actuel gouverneur de la province de Buenos Aires, ultra Kirchnériste et qui a réussi à apporter d’une part 56% des votes de sa province la plus peuplée d’Argentine à Cristina Kirchner, et qui vient aussi de se faire réélire au siège de gouverneur de la province avec 55% des voix.

Amado Boudou, l’homme qui monte, âgé de 47 ans, et qui en quelques années a pu passer en 2003 d’un médiocre poste à la municipalité de Pinamar à la charge de ministre de l’économie de la Nation en 2009 jusqu’à ce poste de vice président de la Nation qui est le second poste le plus important du pays. Le chouchou de Cristina Kirchner.

 

Photo : Dimanche 23 octobre 2011 au matin, après son vote dans la province de Santa Cruz !

Voici ci dessous, les résultats définitifs des elections présidentielles du dimanche 23 octobre 2011 :

A) Cristina Kirchner

B) Son programme.

Alianza para la Victoria

53,96

%

11.593.000 Voix

A) Hermes Juan Binner

B) Son programme.

Alianza Frente Amplio Progresista 

 16,87 % 3.624 000 Voix

A) Ricardo Luis Alfonsin

B) Son programme.

Alianza Unión para el Desarollo Social UDESO

11,15

%

2.395.000 Voix

A) Alberto José Rodríguez Saa

B) Son programme.

Alianza Compromiso Federal

7,98

 %

1.714.000

Voix

A) Eduardo Duhalde

B) Son programme.

Alianza Frente Popular

5,89

%

1.264.000

Voix

José Saúl Wermus

dit "Jorge Altamira"

Alianza Frente de Izquierda y de los Trabajadores

2,31

%

497.000

Voix

A) Elisa María Evelina Carrió

B) Son programme.

Coalición Cívica ARI

1,84 

%

396.000

Voix

Vidéo : Le discours de Cristina Kirchner sur la PLaza de Mayo, le dimanche 23 octobre 2011. 15 minutes de remerciement.

 

 

Hermes Binner fête sa deuxième place :

L’autre grand gagnant de ces élections est sans aucun doute Hermes Binner, qui d’une part s’impose comme second derrière (loin derrière) Cristina Kirchner, mais d’autre part a pu entre les élections blanche d’août et celle du 23 octobre, gagner 7 point en passant de 10 à 17%. Il a le vent en poupe et se présente aujourd’hui comme la seule figure importante pouvant s’opposer à la politique kirchnériste, quitte à faire de l’ombre à l’UCR ou même à phagocyter une partie de son électorat, ou même quelques cadres des radicaux. Je dirai même que les principaux inquiets de sa montée ne sont pas les justicialistes ou les kirchnériste, mais les propres opposants qui vont peut être voir leurs rangs fondre comme neige au soleil pour rallier le Frente Amplio Progresista (FAP). En tout cas, voilà Binner encore hier connu uniquement dans sa province de Santa Fe, dépasser les limites provinciales et venir taquiner la politique au niveau national. Ce dont à toujours rêvé Adolfo puis Alberto Saa, Hermes Binner a pu le faire !

Hermes invité a de nombreuses émissions de télévision dès le lendemain du scrutin, fait figure de « vedette » et tout le monde le veut sur son plateau. Ne cachons pas que les médias toujours antigouvernementaux, en font leur chouchou et le bombardent de questions sur son avenir et celui de son mouvement. Celui-ci a annoncé lundi 24 octobre qu’il va poursuivre sa politique d’opposant et qu’il se présentera pour se succéder à lui-même dès 2013 au poste de gouverneur de la province de Santa Fe.

Sa lutte va être longue à l’échelle nationale, car si sa seconde place est enviable pour les élections présidentielles, ses scores au législatives et sénatoriales sont bien maigres ! En effet, il a pu regrouper plus de 3.5 millions d’électeurs aux présidentielles, mais si on regarde de plus près ses résultats législatifs, son alliance ne va occuper que 22 députés et seulement 4 sénateurs. Il n’a gagné que 2 sièges au parlement ! Il en est conscient et ne crie pas victoire pour autant. Le parlement étant renouvelable par moitié tous les deux ans, il se prépare déjà pour 2013.

 

Vidéo : Le bilan des elections pésidentielles et législaitives argentines.

La Berezina pour Alfonsin :

 

Les plus gros perdants de ces élections ! Second aux élections blanches d’août 2011 avec 12,20 %, il voulait faire mieux dimanche 23 octobre, et il perd plus d’un point en passant à 11,15% et à la troisième place. Ça chauffe déjà dans les rangs de l’UCR, on se pose la question si le choix du fils de Raul fut une des meilleures idées. De plus la campagne de Ricardo fut assez molle et l’électorat de l’opposition en a peut être assez de « parachutés » de « fils de » et cherche plutôt des hommes et des femmes de terrains ayant déjà un bilan à présenter. Bref, des le lendemain, au sein même de l’UCR on se demande si Ricardo Alfonsin va rester une des figures principale du mouvement ! Quelqu’un doit payer pour cet échec et le premier sur le siège éjectable, c’est lui ! On doit organiser un vote interne d’ici peu pour renouveler la présidence du parti (aujourd’hui occupé par Sanz) et on pensait tout naturellement qu’Alfonsin l’assumerait. Aujourd’hui on en est bien moins sur !

Ricardo Alfonsin n’aura pas réussi à passer une fois au moins dans une province la barre des 20%.(Meilleur score Prov.Jujuy avec près de 19%, et Prov.Cordoba avec 18%). Pour les législatives, c’est pire, ils perdent un siège et ne gardent que 41 députés au parlement. Au Sénat pas de changement, ils avaient et gardent 17 sénateurs.

Les Saa un peu déçus :

 

Du coté de Alberto Saa. C’est plutôt le mi content ou mi déçu. On se montre euphorique et rieurs face au camera, mais l’ex gouverneur de la province de San Luis n’est pas arrivé à faire passer son message de l’autre coté des limites de sa province. Impossible pour lui de prendre une envergure nationale et fête sa victoire entre puntanos. Il a réussi à s’imposer premier aux présidentielles dans tous les départements de sa province (Comme de coutume). Il y a avait aussi ce dimanche, dans la province de San Luis, les élections pour définir le nouveau gouverneur. Comme Alberto Rodriguez Saa ne se représentait pas, le nouveau dauphin de la famille, formé depuis des années par les Saa était Claudio Poggi qui est passé haut la main et qui prendra donc la suite de « Albertito ». L’occasion donc de sortir une seconde bouteille de champagne pour fêter l’autre bonne nouvelle. Pourtant il n’y aura pas de grand chelem total pour les Saa dans leur province. En effet, il y avait aussi ce dimanche les élections municipales dans la ville de San Luis, le candidat sortant (pro Saa) se représentait et s’attendait a être réélu, et c’est le coup de théâtre puisque pour quelques voix de plus, c’est un kirchnériste qui l’emporte, Enrique Ponce sera donc le Nouveau « Intendente” (maire) de la ville de San Luis. Les frères Saa ont du mal a avaler la pilule !

Pour Duhalde, deux solutions : l’entrée en enfer ou le retournement de veste !

 

Pour un choc, c’est un choc. Plus de 12% en août, deux mois plus tard il a perdu la moitié de son électorat, et n’atteint même pas les 6% ! La fuite de son électorat en masse vers tous les autres candidats. Par exemple sur la ville de Buenos Aires, Duhalde est passé de 22 à 10% alors que Binner passe de 14 à 28% ! Presque tous les déçus péronistes du Kirchnérisme ont voté pour Binner. En août voter pour Duhalde c’était être péroniste et montrer son opposition à Cristina Kirchner, en deux mois les mécontents n’ont pas hésité à abandonner le péroniste Duhalde sans pour autant se regrouper derrière la présidente.

Duhalde, la tête basse, pour ne pas dire presque honteux, a eu beau s’exprimer après les résultats par un « nous allons continuer à défendre notre vision, etc….. », on a bien senti qu’il tâtait le terrain pour se réconcilier avec Cristina Kirchner. De la part des kirchnéristes, dès le lendemain on entendait des petites phrases comme «Que ahora vengan ellos, si quieren » (Ils n’ont qu’à venir si ils veulent).

Le PJ dissident (comme on dit) commence à s’éloigner des mouvances les plus dures pour timidement trouver le Cristinisme (eh oui, on dit comme ça maintenant) acceptable. Les rats quittent le navire Duhalde qui prend eau de toutes parts. Duhalde est un génie pour se refaire une santé, et repartir toujours quand on le croit fini ! On a même honte maintenant de se faire photographier avec lui, voyons dans 6 mois où il rebondira !

Les pros kirchnéristes se rassemblent sur la Plaza de Mayo :

 

A partir du résultat qui courait de lèvres en lèvres  les premiers pros kirchnéristes se sont déplacés vers la Plaza de Mayo. Le QG et la fête des cadres du parti se déroule dans les salons de l’Hôtel Intercontinental (à 10 cuadras de la place) (calle Tacuari et Moreno).

D’autres sympathisants se trouvent au pied de l’Obélisque sur 9 de Julio et avenida Corrientes.

Il se pourrait qu’à partir de 21h (02h du matin h.France), Cristina Kirchner prenne la parole dans un premier temps dans son QG de l’Hotel Inter Continental puis se déplace sur la Plaza de Mayo.

Pour la province de Buenos Aires : Daniel Scioli, gouverneur.

 

Aujourd’hui élections aussi pour le poste de gouverneur. C’est le kirchnériste sortant Daniel Scioli, qui arrive en tête avec plus de 50% et qui de ce fait est réélu à son siège. Il a voté ce matin à Tigre en banlieue nord puis est reparti dans la capitale bonaerense de La Plata pour attendre les résultats. Scioli est kirchnériste pur et dur et a commencé réellement dans la politique en 2003 lorsque il fut placé par Nestor Kirchner à la tête de la vice présidence de la Nation. En 2007 Cobos le remplaçant à ce poste, il fut élu gouverneur de la province de Buenos Aires. C’est donc son deuxième mandat qu’il va mener jusqu’en 2015.

 

 

A lire dans le Petit Hergé :

Elections présidentielles argentines d'octobre 2011- Les elections d'Octobre 2011.(Octobre 2011). Nous voilà sur la dernière droite avant les élections présidentielles argentines. Il s’agit du premier tour, mais la candidate sortante Cristina Kirchner est donnée en tête de tous les sondages avec plus 51% des intentions de vote. La bataille est pourtant bien là, puisque si les autres candidats ne se font pas trop d’illusions, il y a à la fois des batailles à mener pour chacun d’entre eux pour assurer leur place sur les sièges de l’assemblée nationale et du sénat..(Lire la suite).

 

- Programme de Hermes Binner.(Octobre 2011). C’est sous les couleurs du Front progressiste, le Frente amplio progresista, que le candidat socialiste Hermès Binner décide de faire campagne pour les élections présidentielles. Ce rassemblement progressiste tend à unir des opposants à Christina Kirchner issus du parti socialiste, mais aussi d’autres petits partis progressistes s’y rattachant, ou encore d’habituels électeurs d’Alfonsin ou même de Duhalde...(Lire la suite).

  

- Programme de Alberto Rodriguez Saa.(Octobre 2011). D’après lui, la politique a perdu tout son prestige et doit, en premier lieu, « redevenir un monde des rêves, un monde du possible ». Si la formulation souhaite nous amener à une ferveur électorale, à la lueur de ce que Rodriguez Saa a déjà accompli à San Luis et de ce qu’il souhaite accomplir au niveau national, si son programme justement n’est pas trop « idéaliste ». A la mesure de sa démesure mais peut-être moins à la mesure du possible et de ce dont l’Argentine a besoin ?..(Lire la suite).

- Programme de Ricardo Alfonsin.(Octobre 2011). Le Plan Crianza, a pour objectif est dans les 4 ans à venir d’éradiquer l’exclusion social et la mortalité infantile (représentant chaque année un taux de 13,3 bébés sur 1000 naissances, soit un taux supérieur à celui du Chili, de l’Uruguay, ainsi que de garantir la protection universelle des mineurs et des femmes enceintes. Tout un réseau de jardins d’enfants sera également construit sur l’ensemble du territoire afin d’aider les mères de famille qui étudient ou travaillent...(Lire la suite) 

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