Mise à jour : 27 mai 2007 / 08 Avril 2014.

Marketing Disney-Telmo :

 

Je le dis et écris assez souvent, le quartier San Telmo est un quartier "difficile", sachez que toute zone à forte concentration de touristes apporte forcement des problèmes de délinquance. Avenida de Mayo, Plaza de Mayo, Recoleta, Palermo, Plaza San Martin et bien sûr aussi, San Telmo. La seule différence entre San Telmo et les autres quartiers "touristiques" c'est que San Telmo est un quartier pauvre et restera pauvre. Le m2 n'est pas cher (4 fois moins que Palermo ou Recoleta), la population y habitant est de classe moyenne pauvre. Aucun argentin de la province de passage à Buenos Aires ne voudrait y loger pendant son séjour, ce qui explique que vous n'y trouverez aucun hôtel digne de ce nom.

Pendant les années 90, le boom touristique fait que la Plaza Dorrego au centre de San Telmo, qui abrite à l'époque un petit marché aux puces pour les habitants du quartier, se transforme en 15 ans en zone ou on y vend du "tout et du n'importe quoi" aux touristes étrangers à la recherche de "typique". Comme le m2 est extrêmement faible à acheter ou même à louer, les premiers guesthouse (dit guest neuneu) ouvrent sur Defensa ou Bolivar. Car seuls les touristes étrangers veulent loger dans ce quartier. Certains trouvent donc un moyen de gagner rapidement de l'argent avec peu d'investissement. On trouve une vieille maison à moitié abandonnée (le quartier en abonde.... à 300 ou 400 USD le m2 encore au début des années 2000), on la loue ou on l'achète pour une poignée de dollars, on y file un coup de peinture, on place 2, 3, 4 voir 8 lits dans chaque chambre, et on loue en dollar ou en euros. Le tour est bien joué, de toute façon le neuneu européen cherche du "typique" et il va en avoir ! Le neuneu européens logent avec d'autres neuneus européens et pensent "faire local et typique", alors qu’aucun argentin ni loge. C'était l'époque 2000-2005.....

Depuis 2005.... On a compris le filon ... certains neuneus ont de l'argent et veulent jouer aux bobos tout en restant "typiques", mais veulent quand même une chambre avec salle de bain, télé et air climatisé. Qu'à cela ne tienne; le m2 a un peu augmenté sur le secteur, et il est toujours plus avantageux de placer 200.000 USD dans l'achat d'une ruine de 400 m2 à rafraichir, installer dans des chambres minuscules un lit et faire une salle de bain de 2m2, que d'ouvrir dans un quartier "normal" de classe moyenne ou supérieure (Balvanera, Barrio Norte, Recoleta,... ). Il faut dire que dans un quartier « normal » pour 200.000 USD on n'a plus que 100 m2. De plus les neuneus bobos vont payer leur chambre au même prix à San Telmo que dans le Barrio Norte, alors mieux vaut avoir 400m2 à San Telmo à louer que 100m2 dans d’un « quartier normal ». Maintenant reste à convaincre les neuneu-bobos de venir loger sur San Telmo, ca c'est du marketing et ça marche très bien ! 

L'argument du "Typique"

 

San Telmo c'est "Typique", San Telmo c'est le "quartier du tango", San Telmo c'est "la vielle Europe", San Telmo c'est le "quartier de la brocante" ...

Et bien c'est faux ... Il n y a rien de "typique", ou alors tout est "typique", Recoleta c'est "typique" , l'Obélisque c'est "typique", l'Avenida de Mayo c'est "typique", les taxis noirs et jaunes sont "typiques", le couché de soleil sur le rio de la plata est "typique", une tartine de dulce de leche est "typique" et moi aussi je suis "typique" puisque j'habite à Buenos Aires ! Non ?

"Le quartier du tango ? », non plus !, Carlos Gardel n'était pas à San Telmo, mais à Abasto, c'est devenu le "quartier du tango" le jour ou les machines-spectacle-tango se sont installées dans le quartier et chaque soir les bus y déversent les neuneus européens ou brésiliens en mal de "tango typique" aux deux shows de 20h et de 22h (Mais oui, les salles sont trop petites, alors on fait deux abattages chaque soir). Ces machines sont Michelangelo, La Ventana, etc....  et se sont toutes installées dans les années 90 sur la calle Balcarce. Pourquoi là ? Deux raisons, pas loin du centre, et puis pas cher, ancienne zone du bas de San Telmo dans d'anciens entrepôts livrés à l'abandon. La municipalité est dans le "coup" pour vous faire croire à la "belle histoire" : On a enlevé le goudron de toutes les rues, pour mettre des pavés ( ca fait "typique" ), plus fort depuis 2005, on nous pose dans tout le quartier des faux anciens réverbères en fonte sur les trottoirs ( déjà que les trottoirs ne sont pas larges !), bref ca n'éclaire pas terrible, mais bon le touriste est content ca fait "typique"... l'année 2006 a vraiment été l'année "faux réverbère".

San Telmo c'est "la vielle Europe" ? , Vieille surement parce que depuis 1880 c'est pauvre, aucune construction récente dans la zone (normal, c'était ensuite invendable), alors par ci par la, quelques immeubles 1950 -1960 (style HLM) .... mais n'essayez pas de chercher plus récent, il n y a pas ... vous pensiez peut être que c'était par souci de préserver le patrimoine culturel de Buenos Aires ??? ehehehehe regardez les tours de Palermo !!! (pensez vous qu'il y ait eu jusqu'à aujourd'hui un souci de préservation architecturale de la ville ?) Nenni ! Le quartier est pauvre, habité par des pauvres qui de toute façon n'auront jamais assez d'argent pour acheter leurs apparts, alors pourquoi y construire ? Pour les autres argentins des autres quartiers??? Mais quel argentin préfèrera quitter Recoleta, Belgrano, Caballito ou même Nuñez pour allez dans un quartier de "pauvres" avec des ruelles et des colectivos qui enfument et font vibrer la calle Bolivar toutes les 20 secondes. Seules des agences immobilières arrivent à arnaquer quelques européens pour leur vendre un "espectacular departamento tipico" sur la calle Defensa.

San Telmo c'est le "quartier de la brocante" ? Bien sur que non, il a été créé 1970 (donc typique années 70) et quelques vendeurs de babioles se sont installés sur la plaza Dorrego, je me souviens encore au début des années 90 que l'on pouvait encore trouver de bons vieux livres à un prix modique le dimanche, mais l'après midi venu, tout les commerçants remballaient leur bazar et la place retrouvait sa tranquillité avec les gosses du quartier qui y jouaient au foot. Le centre de la place était encore en terre. Autour de la place Dorrego, 2 à 3 bistros pour les pochtrons du coin, des ateliers de voitures, et des boutiques de quartier. Rien d'autre ...............    Aujourd'hui il n'y a aucune brocante, c'est plutôt le "Louvre des Antiquaires" sur la calle Defensa, tout ce qui est bon à acheter dépasse les 2 à 3.000 EUR. Defensa s'est pourvu d'une redoutable installation de resto à neuneus (Je ne citerai pas les noms, je vais me faire des ennemis) et à touristes bobos. Même le Mercado couvert de San Telmo qui à l'origine et jusqu'aux années 1990-2000 étaient sensé vendre légumes, fruits, viande et saucisson n'est plus qu'une enfilade de stand d'objets attrape neuneus ou o y vend du "vieux typique" au prix de l'or.

San Telmo est devenu pour Buenos Aires, ce que Disneyland est à Paris. Le parisien le connait de nom, sait ou ça se trouve, mais n'y va que pour faire plaisir à la famille de province venant dans la capitale. C'est une sorte d'étape obligatoire pour le neuneu de service.

Êtes-vous deja passé a San Telmo en dehors du samedi après midi et du dimanche matin ? Et bien il ne s’y passe rien !

 

 
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