Le début du "Rock Nacional"
23 août 2009 Début du "Rock Nacional" et fin de la "Nueva Ola" : On peut assurément considérer que le grand début de ce qu’on appelle ici le « Rock Nacional » ou plus communément le rock argentin débute au milieu des années 60 (1966-1967). |
La Nueva Ola Hispano-Cosmopolite : Depuis la fin des années 50 en Europe mais aussi au Mexique et en Amérique Central, le rock provenant des Etats-Unis faisait fureur dans ses versions originales en anglais ou dérivé dans d’innombrables adaptations en espagnol de groupes vénézuéliens, mexicains et autres colombiens; en Argentine, la nouvelle vague musicale a du mal à percer.(Il faut au moins attendre fin 1962 et le Club del Clan sur Canal 12 avec Palito Ortega). A la fin des années 50 et au tout début des années 60, on écoute à Buenos Aires des groupes espagnols, ou des vedettes américaines, italiennes, allemandes ou françaises. Si pour la nouvelle vague française, les artistes limitent leurs tournées aux 4 coins du pays, et à se produire une fois à Genève, à Bruxelles, voir à Montréal pour les plus chanceux; dans le monde hispanophone, il faut bouger en permanence et se produire de Buenos Aires à Los Angeles, en passant par Caracas, Mexico, Miami, New York avec un crochet par Madrid. Depuis les années 60 et jusqu'à aujourd’hui il est souvent difficile de mettre une nationalité sur un groupe quand les intégrants sont de différentes nationalités. La langue espagnole a l’avantage d’être une des langues les plus parlées dans le monde et d’avantager ces « groupes hispanophones » à étendre leur influence, mais a aussi un handicap puisque le public se trouve toujours « ailleurs » et pas seulement dans son propre pays. Il faut donc tôt ou tard « s’exporter » ! |
Los TNT en 1960. "Eso, eso, eso" | Palito Ortega en 1965. "Nada vale sin amor" |
Los TNT et la Nueva Ola : Reprenons l’exemple des TNT, ce groupe composé de 2 frères et une soeur. Ils sont nés en Italie, puis enfants, ont émigré avec leurs parents en Uruguay. En 1953, ils forment les TNT en s’inspirant des nouveaux groupes italiens (mais chantent en espagnol), puis en 1959 s’installent à Buenos Aires pour enfin sortir leur premier disque l’année suivante dans le mouvement de ce qui est alors la « nueva ola » (nouvelle vague). Ils sont connus en Uruguay, en Argentine et commencent de suite une tournée en Amérique du Sud, puis en Amérique Centrale, pour se retrouver en Amérique du Nord, à Mexico en 1961 pour jouer dans le film « Fiebre de Juventud ». Ils cassent leur contrat avec RCA Victor de Buenos Aires pour signer avec Belter de Madrid en 1962 et doivent s’installer en Espagne pour les enregistrements et les promotions. Ils vont même représenter l’Espagne au Concours Eurovision de la Chanson en 1964 (alors qu’ils n’ont pas la nationalité). En 1966, les TNT se séparent, Tim (l’aîné) s’installe à Buenos Aires pour créer des studios. Quant à Nelly et Tony, ils s’installent tout d’abord à Caracas, puis à Porto Rico pour ensuite faire des tournées aux Etats-Unis afin de toucher le public hispanophone. En 1974, Nelly se marie et arrête à son tour la chansonnette, il ne restera que Tony qui continuera jusqu'à sa mort en 2005 à chanter à partir de Porto Rico. Difficile après autant de déménagements, de rencontres, d’influences, de travail et de collaborations de savoir aujourd’hui si les TNT étaient italiens, uruguayens, argentins, vénézuéliens, mexicains ou portoricains. Ils sont un mélange à eux seuls d’un brassage multi-hispanique de ce que pouvait être la nouvelle vague ou « la nueva ola de los sesenta ». |
Et le Rock Nacional dans tout ça ? Difficile dans tout ça de trouver ce qui pouvait être « National », ou même de trouver un "son argentin" à ce mouvement ! 1966-1967, charnière entre la fin de la « nueva ola » du twist et du yéyé, avec certainement une période où on se remet à chercher des textes. On ne cache plus son accent et encore moins son parler porteño. Qu’importe si le vénézuelien ou le mexicain ne comprend qu’un mot sur deux, on arbore avec fierté sa provenance, et que l’on soit de Rosario, Buenos Aires ou même de Montevideo, on chante en lunfardo et en rioplatense. Et puis 1966, c’est aussi politiquement le début de ce qui est la «Revolucion Argentina», le gouvernement de Juan Carlos Ongania, une politique résolument à droite, nationaliste qui va jusqu'à interdire les films et les disques étrangers trop subversifs et faire la chasse aux cheveux longs dans la rue qui étaient systématiquement coupés par les policiers. Pour la nouvelle génération argentine, finalement une aubaine pour délaisser les anglo-saxons et se mettre à produire des compositions originales en espagnol ! De plus, il fallait pouvoir placer dans le texte des phrases à double sens pour le simple plaisir de défier la censure ! C’est le début du Rock Nacional. Bien entendu on cherchera toujours la petite histoire pour savoir où, de qui, et quand, est né ce mouvement et si on peut mettre une date exacte en ce début de conscience nationale. Le commencement d'un nouvel art mineur, d'un air de balade de la rue porteña, d'une ritournelle d’un été à Palermo, de l'hephémère d'un samedi soir de boliche de Costanera Norte. Je vous le dis tout de même, c’est la chanson de la « Balsa » en juin 1967 composé et interprété par Litto Nebbia... |
Photos : Le début du Rock Nacional à Buenos Aires. A gauche, Les Beatniks en 1966 sur Avenida Corrientes, Los Abuelos de la Nada en 1968 à droite. |
D'autres articles dans le Petit Hergé : - Palito Ortega. (Février 2008). - Andres Calamaro. (Avril 2008). - Le musée Fortabat. (Août 2009). - Le jardin botanique de Buenos Aires. (Août 2009). - Le Café Gato Negro. (Août 2009). - Le Bar Le Merval de Buenos Aires. (Juillet 2009). - La Bodega Viña Ona. (Août 2009). - Institut de langue à Buenos Aires. (Août 2009). - Confiteria del Molino (1916). (Mai 2009). - Le Cabildo de Buenos Aires. |