Elections législatives Argentine 2009 : mode d'emploi
11 mai 2009Mise à jour : 11 mai 2009.
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Les jeux sont faits, rien ne va plus !
Les listes sont closes depuis samedi 09 mai 2009, il n’y a plus qu’à observer la campagne électorale et ses coups bas et attendre la date fatidique du 28 juin 2009, pour voir venir les élections législatives et sénatoriales argentines qui vont réserver bien des surprises, car nous avons toutes les chances de voir s’écrouler le monde Kirchnérique mis en place par Nestor depuis 2003.
Chaque province de la République va donc désigner ses représentants au Congreso chambre haute et basse de Buenos Aires. Un député national argentin est élu pour 4 ans, et la chambre est renouvelée par moitié (donc tous les deux ans). Il y a 257 députés au parlement national et tous les 10 ans en fonction des recensements de population, on réactualise le nombre de bancs par province pour essayer de coller au plus près de la représentativité nationale. L’Argentine adopte le système de représentation proportionnel. |
Tout va se jouer dans 4 provinces : - La Province de Buenos Aires : 70 députés - La ville de Buenos Aires : 25 députés - La Province de Santa Fe : 19 députés - La Province de Córdoba : 18 députés. (on renouvelle 9 députés)
Ces 4 provinces représentent à elles seules 132 sièges soit 51% de l’hémicycle.
Inutile donc de préciser que même si dans les 19 autres provinces, les élections ont un intérêt local, tous les yeux sont tournés sur Buenos Aires, sa banlieue, et les provinces de Santa Fe et de Córdoba.
Pas de chance pour le couple Kircher et le gouvernement en place, puisque ce sont aussi les provinces qui sont (à l’exclusion de la banlieue de Buenos Aires) les plus farouchement hostiles à la politique du couple en place. |
La ville de Buenos Aires :
L’intelligentsia argentine y vit et le porteño ayant le niveau éducatif le plus élevé du pays, a du mal a prendre des vessie pour des lanternes, alors bien entendu, la ville de Buenos Aires a toujours été contre le péronisme (PJ : Parti Justicialiste) et encore plus contre le Kirchnérisme qui pour ces détracteurs a atteint grâce à Nestor Kirchner, et à sa femme Cristina Kirchner, le niveau le plus haut dans les magouilles de tout poil depuis bien longtemps, chiffres trafiqués sur l’économie (INDEC), détournement de l’argent de l’Etat (Prise de contrôle de l’argent des AFJP), j’en passe et des meilleurs… D’ailleurs ils ont fait tellement fort, que même une bonne partie des politiques du PJ se sont écartés des Kirchner pour monter des listes d’opposition. (C’est tout dire !) Le Kirchnérisme ne fera pas plus 5% dans la ville de Buenos Aires. Deux grosses listes vont s’affronter pour le contrôle de Buenos Aires, d’une part le parti de Macri « Pro » et d’autre part celui de l’alliance poussé de Carrio « Acuerdo Civico y Social ».
« Pro » : Comme Mauricio Macri reste président de la ville de Buenos Aires, il ne peut pas se présenter directement mais a poussé sa vice présidente Gabriela Michetti a démissionner de ses fonctions pour prendre la tête de liste pour les sénatoriales, suivi par le « petit jeune qui monte » de l’écurie Macri, le dénommé Esteban Bullrich. Coté députés : En tête de gondole, Fernando De Andreis (autre poulain de Macri).
« Acuerdo Civico y Social » : L’aile de la gauche ou se bouscule tous ceux qui veulent n’être ni péroniste ni de droite. Ça donne donc une sorte de mélange assez hétérogène de différents courants qui quelquefois ne partagent pas les mêmes idées. En Tête de liste côté Sénat, Alfonso Prat Gay, qui mange à tous les râteliers, proche de Duhalde, puis de Kirchner, maintenant proche de Carrio. Dans la même liste, Ricardo Gil Lavedra, l’éléphant en chef, celui qui aura connu l’époque des militaires en les combattant et surtout en les jugeant une fois la démocratie revenu en tant que juge lors de leurs procès en 1985. Homme de confiance de Alfonsin, ensuite se sera perdu avec De la Rua, mais depuis s’était écarté de la politique pour refaire surface aujourd’hui. Et enfin Elisa Carrió qui ne cache pas sa volonté de participer aux prochaines élections présidentielles de 2011, elle est 3ème de liste, mais soyons réaliste, c’est elle qui tire les ficelles de tout le groupe. Du coté des députés : Fernando Sanchez, Le chouchou de Carrio, tout beau, tout mignon, il a 35 ans.
Pas beaucoup de suspense dans la ville de Buenos Aires, on sait que Michetti va faire le plein des voix. Les autres partis viennent s’y frotter pour faire figure de présence sans y croire, Le parti des Kirchnéristes est représenté par Carlos Heller, homme du monde sportif dans la politique depuis peu, on se demande dans quoi il s’est fourré surtout qu’il est entouré sur sa liste d’un ramassis de syndicalistes à la solde de Moyano de la CGT digne des croquemitaines. Le « Chicag » des années 30 est assez représentatif de sa liste. |
La province de Santa Fe :
Depuis la crise du campo en 2008, le monde rural (des plus riches aux plus pauvres) est passé dans l’opposition. En fait le premier tournant pour se séparer du PJ officiel fut donné en 2007, lorsque le 02 septembre, le socialiste Hermes Binner fut élu gouverneur de la province. Cela fut la fin de 24 ans de présence péroniste PJ dans la province. La crise du campo de l’année suivante a dégoûté à jamais les derniers péronistes restants dans la province, car comment lorsqu’on est maire péroniste d’une commune agricole pouvait on encore appuyer les lois de retentions d’impôt décidé par Cristina Kirchner (et non par l’assemblée Nationale comme le précise la Constitution). Aujourd’hui les péronistes PJ opposants sont plus nombreux que les PJ Kirchnéristes. Deux élections en une, Rénovation de la moitié des députés de la provinces, et rénovation de 3 sénateurs de la province.
3 principales listes dans la province :
« El Frente Santa Fe Federal » : Le PJ d’opposition. (Pour Kirchner se sont des traîtres). A la tête, le sénateur Carlos Reutemann qui se représente pour garder son poste de sénateur. Il a toutes les chances de le garder. De plus, il le Les trois partis face à face dans la province de Buenos Aires :
Le parti U.C.R. (Union Civica Radical) ne se présente pas mais fait alliance et a réussi à placer un de ses dauphins, Jorge Alvarez (ancien maire de Arequito), en tête de liste des députés du PS.
« El Frente para la Victoria »: Le PJ de Kirchner. La liste des sénateurs est menée par Carlos Leoni (syndicaliste), qui n’a aucune chance d’être choisi. |
La Province de Cordoba :
Ici aussi deux élections, les sénatoriales pour renouveler 3 sièges, et les législatives pour remplacer 9 députés.
Les 4 principales listes dans la province :
« Unión por Córdoba » : C’est la liste PJ d’opposition à Kirchner, d’ailleurs de nombreux représentant du monde rural y sont présents. A sa tête Eduardo Mondino pour le siège de Sénateur et Francisco Fortuna en tête de la liste des députés, la seconde de la liste est Estela Garnero qui est issue des ruralistas (monde agricole) de Rio Cuarto.
« Frente para la Victoria »: Pro Kirchner. Ca va être très difficile pour eux dans cette province très agricole de pouvoir bien se placer. C’est l’actuel maire de Villa Maria (qui n’y est que très peu apprécié depuis l’année dernière), Eduardo Accastello, qui prend les rennes de la liste sénatoriale, quant à Carmen Nebreda qui a faillit hésiter à passer chez l’adversaire du PJ d’opposition, finalement elle reste kirchnériste et prend la liste des députés.
« Frente Civico »: Parti de la mouvance socialiste formé par quelques anciens du PJ comme Luis Juez (ancien maire de la ville de Córdoba entre 2003 et 2007) qui se présente pour conquérir un poste de sénateur, et puis quelques socialistes ou radicaux comme Norma Morandini aussi sur la liste sénatoriale. La liste des députés est conduite par Gumersindo Alonso. Le Frente Cívico a voulu faire alliance avec la liste Radicale, mais aucun accord ne fut conclu, donc l’U.C.R. mène sa propre liste.
« U.C.R (Union Cívica Radical) »: A la tête de la liste sénatoriale le “fils de” l’ancien gouverneur de la province décédé il y a quelques années : Ramon Mestre (même prénom que Papa). Une affaire de famille. Pour la liste des députés, Oscar Aguad. |
Province de Buenos Aires :
Mais alors me direz vous, si la ville de Buenos Aires, les provinces de Cordoba et de Santa Fe sont toutes anti-Kirchner, que va-t-il rester aux diaboliques pour sauver leurs meubles ? Réponse : La province de Buenos Aires, et pour cela, il suffit de jouer uniquement sur la petite et grande couronne de la banlieue de Buenos Aires, car « LA » province c’est en terme de voix « LA » banlieue. Une province de 13 millions d’habitants dont 10 en banlieue de Buenos Aires, c’est vite compter ! On sait où il faut mettre le paquet pour trouver des voix. Qui ne risque rien, n'a rien, alors on met le paquet, quitte à perdre, autant tout avoir essayer !
- Tout d’abord on remet de l’ordre dans les rangs, dans le style si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes forcément contre moi, c’est ce qui a permis à la moitié de ses effectifs de foutre le camp dans un PJ d’opposition et de monter leur propre liste PJ anti-Kirchner. Cela n’a peut être pas été finalement le meilleur des choix, puisqu’il grossi le nombre de ses opposants. - Comme il n’y avait ensuite plus grand monde pour suivre les Kirchner, on à racler les fonds de tiroirs et on a poussé les élus de la liste Frente para la Victoria (Kirchnériste des dernières élections municipales) à se présenter de force sur les listes (même si ils ne sont pas d’accord). Donc tous les maires des banlieues pro Kirchner de Buenos Aires sont têtes de liste des députés et des sénateurs sur les listes de juin 2009, en sachant pertinemment que si ils arrivent premiers il n’accepteront pas leur nouveau poste (puisqu’ils restent maires), c’est uniquement pour faire la photo pour l’affiche. C’est un peu comme si vous aviez Robert de Niro sur l’affiche d’un nouveau film qui sort, mais si vous allez le voir, vous vous apercevrez qu’il ne joue pas dedans. Et bien là c’est la même chose, mais en plus tout le monde le sait et on n’a pas l’air d’en être gêné. (Ni Kirchner qui a décidé cette action de dernière chance, ni les maires qui font les kamikazes dans cette opération). Kichner a nommé lui-même ce type de candidature : « Las canditaturas testimoniales », c’est bien dit non ? une sorte d’armée de candidats non opérationnels mais uniquement testimoniaux. - Les billets de 20 et de 50 ARS sont prêts pour payer les « casquettes » (pauvres de banlieue) à aller voter pour les « candidats testimoniaux », la CGT a fait sa grosse fête la semaine dernière avec ses casquettes rapportés en bus scolaire des fins fond des villa miserias, pour venir faire un meeting de soutien à la politique de Kirchner sous l’Obélisque. Moyano de la CGT a réussi à faire lâcher de Kirchner des places sur les listes, donc la CGT appuie Kirchner. (Argent + casquettes + soutien). - Un discours officiel de Kirchner du « Après moi, le déluge », son programme c’est « votez pour moi, sinon ça sera pire qu’en 2001 ». De toute façon, ça on le sait déjà, car le pays ne peut qu’économiquement que plonger dans l’abîme dès le mois de juillet prochain, le système ne tient plus et le peso va dévaluer méchamment pour sauver ce qui peut l’être encore. Donc demain, avec ou sans Kirchner, l’Argentine va devoir passer au moins deux années de vaches maigres avant de pouvoir se redresser.
45 maires sont ainsi « témoins » des listes, dont certains le font en marche arrière (certains ont encore une conscience politique, mais sont trop lâches pour refuser de le faire de peur perdre leur fauteuil aux prochaines municipales). Quand vous voyez que la seule commune de La Matanza, en banlieue ouest, est peuplée à elle seule de 1.200.000 habitants, ça en fait des voix pour Kirchner, alors le maire Fernando Espinoza porte le drapeau en première ligne. |
Les trois partis face à face dans la province de Buenos Aires :
Coté Frente Justicialista para la Victoria (Kirchner) :
Nestor Kirchner lui-même, tels un Napoléon sur son cheval face à la Berezina à traverser. Suivi par Daniel Scioli (aujourd’hui gouverneur de Bsas, donc « témoin ») qui a eu pour but de convaincre les maires de banlieues à sauter avec lui sans parachute. Sergio Massa, l’ancien maire de Tigre, passé chef du cabinet et qui regrette sûrement, car maintenant le voilà à devoir siéger avec les autres et pensant que sa participation fera vilain pendant le « Nuremberg » qui va l’attendre après le règne de Nestor et de Cristina. Je vous épargne aussi la multitude de noms d’homme politiques à la moralité à définir qui prennent part à ces listes de banlieues.
Que fait l’opposition ?
Deux grosses alliances dans l’opposition :
- Union-Pro : Les copains de Macri, tels que Francisco de Narváez et Felipe Solá. Des pojntures dans la politique, et surtout des touches à tout, puisqu’ils se sont cherchés longtemps avant de comprendre qu’il y avait plus à gagner contre qu’avec Kirchner. Il est certain que la crise du campo de 2008 a ouvert les yeux à plus d’un. - Acuerdo Civico y Social : Des sympathisants de l’UCR et quelques autres divers. Les deux têtes d’affiche, Margarita Stolbizer, une ancienne de l’UCR aujourd’hui dans le GEN qui veut remettre le couvert après avoir perdu les élections pour être gouverneur en 2007, une façon de montrer qu’elle est toujours présente et que l’UCR a eu tord de l’oublier à cette époque. L’autre moustachu de service, « le fils de », je parle de Ricardo Alfonsin, sorti des oubliettes après la mort de son père Raul. L’ancien président aura su mourir juste à temps pour faire parler de lui et surtout de son fils qui en aura (sans l’avoir voulu) tiré bénéfice pour revenir en tête de peloton. Il est donc là, au garde à vous, représentant l’UCR, et ravissant sûrement la place à Cobos. (Cobos toujours vice président de la Nation et pourtant anti-Kirchner, n’a pas un rôle des plus faciles en ce moment, donc attend gentiment la chute de Kirchner, pour pouvoir peut être aspirer à son « nouveau poste dans 2 ans »).
7 semaines à vivre dans les déclarations, les petites phrases, les démonstrations de force, les meetings et les vengeances personnels tout azimut. De la politique dans un panier de crabe, sur fond des derniers combats d’un Kirchner donnant ses ordres de son bunker, la « Chute » n’est plus loin. |
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