Mise à jour : 29 mai 2014. Article original : 13 mai 2006.

Barrio de Retiro :

 

Le Barrio de Retiro est le troisième quartier (avec Monserrat et San Nicolas) qui forme le centre de Buenos Aires est dont la moitié est incorporé au Micro Centro. C’est avant tout un quartier d’affaire et d’hôtels dans sa partie sud. Dans sa partie ouest il est très résidentiel. Y siège par exemple l’ambassade de France. Cependant plus de la moitié de ce quartier (toute la partie nord) est occupée par  la zone portuaire (Puerto Nuevo), par les gares ferroviaires et aussi par la Terminal de bus et surtout par les villas miserias 31 et 31 bis. Ce quartier est donc extrêmement contrasté allant du secteur luxueux de la calle Posadas, Avenida Alvear et Quintana aux constructions précaires de la villa 31 et le tout séparé seulement par 300 m. Sa surface est de 2,9 km2 et seulement peuplé de 45.000 habitants en raison essentiellement de l’occupation presque complète de la zone par des immeubles de bureaux et par les hôtels de luxe (Sheraton, Haytt, Plaza Hotel, Caesar Park, etc..). Dans les statistiques officielles ne figurent que les habitants de la partie sud et ouest donc luxueuse, car la villa 31 et 31 bis compte maintenant déjà à elle seule entre 40.000 et 50.000 habitants (estimations). C'est-à-dire que les bidonvilles du quartier dépassent déjà la population « officielle » de la partie en ville. Bien que le quartier soit considéré comme touristique et même luxueux, la proximité des bidonvilles a provoqué au cours des dix dernières années un fort accroissement de la délinquance. En tout cas, il est fort recommandé aux touristes d’être extrêmement vigilant du coté de la Plaza San Martin, Avenida Libertador, les gares de Retiro, ainsi que la Terminal de bus de Retiro. Quant à la zone portuaire et encore plus le secteur des villas, il est bien sur recommandé de ne pas y aller à pied même en plein jour.

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Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser en m'écrivant à : petitherge@hotmail.com

Photo : Le Palacio San Martin sur la Plaza San Martin.

Photo : Le quartier de Retiro en 1960. On voit tres bien à droite l'Edificio Kavanagh. La Basilique del Santisimo sacramento juste derriere le panneau de publicité "Geniol". A l'extrème droite, le début de la Plaza San Martin. 

Un peu d’histoire :

 

Après la fondation de la ville en 1580 par Juan de Garay, il faut attendre quelques années avant de voir des habitants s’installer dans l’actuel quartier de Retiro, c'est-à-dire au nord de l’actuelle avenida Cordoba. Il est sûr que le premier fait historiquement vérifié sur l’implantation d’habitations date de 1692 (donc plus d’un siècle après la fondation de la ville) à l’emplacement actuel de la Plaza San Martin. Il s’agit du gouverneur du Rio de la Plata, Agustín de Robles qui achète un terrain de 4 hectares. Sur ce terrain il fait bâtir sa résidence située sur un plateau naturel qui surplombe le Rio de la Plata sur son coté nord. Il y fait construire sa résidence qui compte 39 pièces. Il nomme son palais, le « Retiro ». Vers 1718, le palais devient la propriété d’une compagnie anglaise, la « South Sea Company », spécialiste dans la traite des nègres. Il faut attendre ensuite 1800, pour que le palais soit rasé et remplacé par une Plaza de Toros pour offrir aux habitants une arène de 10.000 places pour suivre les corridas. En 1822, la Plaza de Toros est demontée et on construit avec les mêmes briques, une caserne pour recevoir les troupes des grenadiers de San Martin. Personne n’habite alors dans le secteur, trop mal famé, trop loin du centre ville et mal desservi. Seule la calle Florida peut accéder à ce secteur, et personne alors n’ose s’aventurer plus au nord de l’avenida Cordoba (déjà nommée en 1822 calle Cordoba, ex Santa Rosa).

Avec l’arrivée de la révolution industrielle, ce quartier un peu paria n’accepte sur son sol, que casernes, maisons de tolérance (El Bajo, comme on disait alors), dans le secteur compris entre la Calle Florida et l’actuelle Avenida Alem, ainsi que les premiers hangars industriels et des industries comme la Brasserie Bieckert en 1866, la première usine à gaz des frères Jannet en 1856 pour l’éclairage public, et puis l’installation de la première gare du chemin de fer du nord à l’angle de Libertador et de la futur place Britanica en 1862. Entre 1850 et 1870 le quartier se peuple de masures, d’usines, de chantiers, de dépôts et de terrains vagues. Il faut attendre 1871 et l’arrivée de la bourgeoisie du sud de la ville (San Telmo) qui tente de fuir les épidémies de fièvre jaune pour que certaines familles acceptent de venir s’installer vers Retiro (tout de même encore trop glauque à leur gout) ou Recoleta (encore trop loin de Buenos Aires quand on appartient à la bourgeoisie). Mais les milliers de morts de la fièvre jaune, font que la peur de mourir est plus grande que la peur du « qu’en dira t’on », alors on y va. Les familles les plus huppées s’installent tout de même sur la calle Florida sans pour autant dépasser la calle Cordoba. En tout cas en 1880, vivre au nord de la calle de Cordoba dans le quartier de Retiro, c’est quand même bien moins chic que la nouvelle avenue Callao à l’est sur Balvanera et San Nicolas, ou même vers Recoleta qui finalement avec son petit air champêtre acquerra vite son snobisme à partir de 1880-1885.

 

Photo : Vers 1880, l'Avenida Libertador tres industrialisée.

Photo : Voilà la première photo existante de la Plaza San Martin, elle date de fin 1862. La statue équestre vient juste d'être inaugurée (le 13 juillet 1862). Son bras est dirigé vers le centre de Buenos Aires. En 1910, on changera de sens la statue. Au premier plan, la Avenida Santa Fe, qui n'est encore qu'une rue. Le muret n'existe plus aujourd'hui, mais les marches, si. Au second plan, la calle Arenales et la Caserne de Retiro en place depuis 1823, mais la façade que vous voyez date de 1850. La rue qui descend à la gauche de la caserne n'a pas encore de nom propre, mais comme elle est dans la continuité de la calle Maipu, on donne à cette portion de rue le même nom. Tout en bas, on descend vers le Rio de la Plata tout proche. La caserne est la dernière construction avant le rio, mais dans 4 ans (en 1856) on pourra voir au bas, la compagnie de gaz des frères Jannet avec leur hautes cheminées.

Photo : Le patio Bullrich est un centre commercial de luxe ouvert en 1988 dans le quartier Retiro donnant sur l'Avenida Libertador. Le batiment existe depuis 1867, et servait à des ventes aux enchères de bétails.

L'age d'or de Retiro 1904-1930 :

 

Pour que le Barrio de Retiro devienne chic il faut pour cela attendre un peu plus tard. Tout d’abord la démolition de la caserne en 1891 et la chasse aux bordels (mais qui tiennent le coup). L’installation en 1893 du Pavillon Argentin de l’Exposition Universelle de Paris pour abriter le Musée des beaux Arts justement à la place de l’ancienne caserne. Et enfin et surtout, l’ouverture du premier Palace Hôtel de Buenos Aires, le Plaza Hotel en 1909 juste sur la Plaza San Martin. Déjà en 1904, se monte la résidence Tornquist qui donne un coup de chic à la place, puis l’arrivée du Palacio Ortiz Basualdo en 1904, puis du Palacio Anchorena en 1908, et enfin en 1914 du Palacio Paz. Bref, Retiro n’est « chic » que depuis 1900-1905 !

Depuis, bien sûr, la suite du mouvement de « nettoyage » de la zone s’est étendue tout d’abord au bas de la Plaza en déménageant l’Usine a Gaz en 1909, et en donnant de l’espace à la Municipalité pour créer une très belle place (La Plaza Britania) avec la Tour des Anglais (1916), puis en détruisant les anciennes gares du chemin de fer du Nord pour monter la superbe gare de 1915 que nous connaissons aujourd’hui. Ensuite à partir de 1932, la municipalité a continué à détruire les rues et les immeubles compris entre la Plaza San Martin et Libertador pour agrandir la place. Peu de temps après en 1936, s’est monté le plus haut building de l’époque le Kavanagh (1934-1936). Les années 1910-1920, marque aussi un agrandissement du quartier en gagnant des terres sur le rio pour étendre le port et former ce qu’on appelé de suite le « Puerto Nuevo ». En effet apres avoir créer la Plaza Britania, on continue plein nord à gagner des terrains dès 1911 pour aménager le nouveau port car Puerto Madero devient déjà trop petit. Ce Puerto Nuevo est inauguré en 1928.

Il est certain que nous atteignons l’âge d’or du quartier. Immeubles en style classique français, quelques exemple aussi d’art déco. Une bourgeoisie richissime, que celle-ci provienne de l’industrie, du transport ou du monde rural, les pavillons, hôtels particuliers, sont nombreux, les plus belle boutiques sont forcements sur la Calle Florida mais aussi sur Arenales, Juncal, l’Avenida Santa Fe devient le lieu où il faut se faire voir et y boire un café. La 09 de Julio n’existe pas encore, et les hôtels particuliers sont légions entre l’avenida Quintana, Alvear. La Plaza Libertad est élegante. Le début de la chute est peut être à imputer à la crise de 29, que nous ressentons ici en 1930. Les caisses de l’Etat tout comme celles des entreprises regorgent de richesse et il faut peut être attendre 1932 et 1933 pour commencer à sentir le creux de la vague. C’est tout d’abord le chômage dans les classes les plus basses qui travaillent comme ouvriers ou dockers à Puerto Madero et à Puerto Nuevo, et on voit alors le premier bidonville de la ville qui prend forme dans ce qui sera plus tard la villa 31.

C’est alors la rupture, la séparation de ce quartier en deux surfaces égales, les riches au sud et les pauvres au nord. La ligne de démarcation des deux mondes, l’avenida Libertador et l’avenida Alem. 

Photo : La Plaza San Martin en 2008. 

Renouveau 1970-2014

 

Une récupération urbaine s’effectue dans les années 70 et 80 dans le secteur que l‘on appelle Catalinas, le long de Puerto Madero, qui est un secteur de tours de bureaux, ce qui permet aussi de nettoyer définitivement le « Bajo » de l’autre coté de l’avenida Alem. Les bars louches et boites plus ou moins coquines déménagent définitivement dans ces années la. Ca sera l’arrivée du Sheraton ouvert en 1972. Du coté de l’avenida Libertador, c’est aussi le nettoyage des derniers hangars, avec l’ouverture d’un des premiers shoppings de la ville, le Patio Bullrich en 1988. Et puis l’ouverture finale de l’avenida 9 de Julio qui s’ouvre sur Libertador en 1979.

Coté nord, la construction de la Terminal de bus de Retiro à partir de 1980 qui ouvre en 1983 et qui stoppe pendant un moment la progression de la villa 31. La Terminale sera même allongée en 1995 devant la demande toujours croissante de lignes de bus.

 Coté ville, il y a depuis quelques années (2010) une récupération de l’espace, avec un semi piétonisation de la Plaza San Martin tout comme toutes les rues du micro centre (comme pour le quartier de San Nicolas). Les travauix sous l’avenida Alem pour la future extension de la ligne de métro E, avec les futures ouvertures des stations Catalinas et Retiro. 

Photo : Le secteur de Catalinas Norte. De gauche à droite. La Torre Catalinas Norte 109 m (1972-1975), Torre Bank Boston 137 m (1998-2001), Edificio Carlos Pellegrini 120 m (1969-1974), Torre IBM (la blanche) 85 m (1979-1983), Edificio Conurban (juste derrière) 95 m (1969-1973), Torre Madero 96 m (1976-1980), Laminar Plaza (juste devant) 72 m (1999), Torre Catalinas Plaza (la noire derrière) 115 m (1995), Torre Alem Plaza 127 m (la noire devant) (1996-1998).

Les conseils du Petit Hergé :

 

Bien que le quartier ne soit pas très étendu, il regorge d'immeubles et de lieux liés au développement de l’économie de la ville de la fin du XIXéme siècle et du début du XXéme. Intérêt aussi à connaitre les deux faces de ce quartier, extrêmement favorisé au sud et à l’ouest et extrêmement pauvre au nord. Il est difficile même de faire une liste exhaustive de tous les endroits apportant un intérêt d’ordre architectural, culturel ou social. Un autre article est à votre disposition pour faciliter la visite du quartier. Voir : A visiter dans le quartier de Retiro.(En montage).

Article lié : A visiter dans le quartier de Retiro.

Je reste à votre disposition pour toutes questions concernant ce quartier en m'écrivant à petitherge@hotmail.com


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