Mise à jour : 30 avril 2011 / 21 mai 2008

San Miguel de Tucumán

 

Departamento Capital : 549.000 hab.(2010).
Gran Tucumán : 950.000 hab.(2010).
Provincia de Tucuman : 1.450.000 hab.(2010).
Positionnement : 26°49′60 S 65°13′00″O
Altitude : 431 m.
Distances : Buenos Aires à 1311 Km.

 

La ville de Tucuman est aujourd’hui la plus importante ville du Nord Ouest Argentin, deux fois plus peuplée que Salta, bien moins touristique que cette dernière, la municipalité a néanmoins depuis 2007 mis en place une politique de revalorisation du patrimoine historique de la ville avec transformation de la calle Congreso en rue piétonne au pied de la Casa de la Independencia, et nettoyage des façades des principales demeures du centre ville. Déménagement de l’ancienne Terminal de bus et revalorisation de son quartier.

Aujourd’hui la ville de Tucuman est une étape touristique intégrant le circuit du NOA.

 Photo : La Plaza Independencia et sa cathedrale. Cliquez pour agrandir.

La première fondation (1565) : Ibatín

Une des premières villes fondées dans la région fut Santiago del Estero en 1553, le climat, la terre et surtout les aborigènes demeuraient très hostiles. En 1565, ses propres habitants remontèrent sur 140 Km. le Rio Dulce et créèrent le 31 mai, sous la conduction de Diego de Villarroel, une nouvelle ville au nord ouest qu’ils nommèrent Ibatín ou San Miguel de Tucuman. Elle s’étendait sur 116 hectares et comprenait 49 manzanas (7 blocs par 7 blocs), se trouvait proche de l’actuel village de Monteros. (A 10 Km au sud ouest de ce village) Latitude : 27°13'13.42"S Longitude : 65°35'14.37"O.

On peut encore aujourd’hui s’y rendre (7 Km. de route de ripio à partir de la RN 38) et constater les traces des rues et des principaux bâtiments qui la composaient : Le collège des Jésuites, la Cathédrale, le Cabildo, l’Eglise Nuestra Señora de la Merced, et l’Eglise de l’Ordre des Franciscains.

 Bien que tout le monde sache que la « Première Tucuman » devait se situer dans les environs, c’est un document trouvé dans les archives de la ville de Córdoba en 1918 qui permet à un historien Monseigneur Pablo Cabrera de retrouver l’emplacement. La végétation ne permet pas alors de pouvoir retrouver avec exactitude le tracé de la vieille ville. Il faut attendre 1940, pour qu’on commence à nettoyer le terrain et retrouver les premières pierres, et en 1944, la Province de Tucuman achète le terrain, 140 hectares qui appartenaient jusqu’alors à l’estancia « la Florida » pour pouvoir entreprendre des fouilles.

Il faut attendre 1965 pour que le terrain soit défriché et une première campagne de fouille est entreprise. Une autre campagne archéologique eu lieu en 1981. Depuis le terrain n’a pas été nettoyé et la jungle subtropicale tend à recouvrir de nouveau les vestiges. Depuis 1972, les ruines sont classées « Monumento historico provincial »

De cette époque du milieu du XVIème siècle, de nombreuses villes furent fondées et ensuite abandonnées quelques années ou décennies après, en raison de perpétuelles attaques des indiens durant la guerre dite "Guerra Calchaqui". Tel fut le cas de la toute première ville de la région, Barco (1550), de Cañete (1560), ou celle de Ibatin (1565). La plus grosse attaque contre Ibatin se produisit en octobre 1578, ils brulèrent toutes les maisons et les moissons. Ce n’est que fin du XVIème siècle, qu’une relative paix entre espagnols et indiens permet a ces villages de prospérer. En 1630, les espanols durent faire face à une rébellion des indiens qui travaillaient pour eux.

Pourtant 120 années se passent et en 1685, le gouverneur Fernando de Mendoza y Mate de Luna décide de déplacer la ville pour éviter d’une part les incessantes inondations du Rio Tejar (aujourd’hui nommé Rio Pueblo Viejo), les invasions des moustiques, la très mauvaise qualité de l’eau, et l’éloignement des nouvelles routes tracées dans la région. Le 27 septembre 1685 est fondée la deuxième ville de Tucuman à 58 Km. au nord-est de l’ancienne. Ses habitants désertent Ibatin et reconstruisent presque à l’identique (les bâtiments furent reconstruits aux mêmes emplacements) la seconde ville.

 Extrait de l’acte de fondation de la première Tucuman datant du 31 mai 1565 :

"...el dicho señor Capitán Diego de Villarroel dijo que en nombre de Dios Nuestro Señor y de Su Majestad del Rey Don Felipe, segundo de este nombre, Emperador del Nuevo Mundo y de las Indias, y del muy Ilustre señor Francisco de Aguirre, Gobernador y Capitán General de estas provincias de Tucumán, Juríes y Diaguitas por Su Majestad poblada y pobló en este asiento en lengua de los naturales llamado Ibatín esta ciudad a la que ponía y puso nombre de San Miguel de Tucumán y nueva tierra de promisión... "

Photos : En haut les ruines de Ibatín.

 Pour agrandir le plan de Ibatín, cliquez ici.

A gauche : Dessin de Felipe Guaman Poma de Ayala representant Ibatin datant de 1612-1616.

La deuxième fondation (1685) : La Toma

  

La deuxième ville de Tucuman est fondée à l’emplacement nommé La Toma le 24 septembre 1685. On agrandit le plan existant de Ibatín en le faisant passer à un quadrilatère de 9 manzanas par 9 soit 81 pâtés de maison, toutes les rues ont les mêmes dimensions (12 varas de large) et l’ensemble entouré de quatre larges avenues, formant les « rondas » de 24 varas de large chacune. La vara castellana (équivalent à 3 pieds) représentait 83,5 cm. Ce qui donne une largeur de 10 m aux rues (et 20 m aux rondas). Dans l’actuelle ville de Tucuman, ce périmètre est encore existant et les rondas se sont transformées en calles Santiago, Salta-Jujuy, General Paz, et Avenida Avellaneda / Saenz Peña.

Les principaux bâtiments reprirent sur la place principale les mêmes emplacements que dans l’ancienne ville, à l’exception du Cabildo qui se déplaça où se dresse aujourd’hui la Casa du Gouverneur. En 1776 Tucuman fait partie du Vice Royaume du Rio de la Plata.

Le 26 juin 1810, le Cabildo de Tucuman, adhère à la « Révolution de Mayo » en se soulevant contre l’autorité espagnole.

Plaza de la Independencia, ex Plaza Mayor de TucumanEn 1814, La Province de Tucuman est créée. La province englobe alors les provinces actuelles de Tucuman, Catamarca et de Santiago del Estero. Le 09 juillet 1816 est signé dans la ville de Tucuman l’acte unilatéral d’indépendance du pays face à l’autorité espagnole. Ce document a été signé lors d’un congrès réalisé par les independentistes dans la maison de Francisca Bazán  de Laguna. L’Argentine se nomme alors « Provinces unies du Rio de la Plata ». L’évêque Jose Colombres cultive pour la première fois la canne a sucre en 1821. Cette culture deviendra par la suite une des principales richesses de la province.

Photo : Plan de San Miguel de Tucuman en 1816.

 

La ville moderne (1879) :

 

En 1879, on construit un deuxième ceinturon : les boulevards. Larges avenues plantée d’arbres, qui permettent de multiplier la surface de la ville par trois. On passe avec un centre ville s’étalant de 14 x 18 blocs. En 1895, la ville de Tucuman compte déjà 40.000 habitants. Comme pour la plupart des villes argentines, en une vingtaine d’année de 1880 à 1900, tous les nouveau services modernes arrivent en ville : Train, téléphone, télégraphe, éclairage électrique, eau courante, gaz, pavage des principales artères, etc… Edification du palais du gouverneur (1908), (il faut peut etre d'ailleurs regreter la démolition la même année de l'ancien Cabildo),création de l’Université de Tucuman en 1914 par Juan B. Terán, réalisation pour le centenaire du pays (1916) du parc Centenario dessiné par Charles Thays.

 

Photo : Maison de l'indépendance en 1868

 

  

Photo :  Le Mercado de Algarrobo (caroubier) sur les terrains de l'actuel Mercado del Norte. Photo datant de 1860.

Augmentation de la population :

Entre 1900 et 1930, la population continue à s’accroître et passe à 100.000 habitants, et l’urbanisation dépasse les imites de nouveaux boulevards, pour s’étendre vers l’ouest de la ville. L’avenue Mate de Luna est tracée pour suivre l’extension des nouveaux quartiers et se poursuit sous le nom de Aconquija dans la municipalité  de Yerba Buena. En 1966, début de la crise de la canne à sucre en raison de la décision de Juan C.Ongaria de fermer 11 plantations.

En 1991 : 600.000 habitants dans l'aglomération. En 2001 : Le grand Tucuman compte 738.000 habitants. En 2010 l'agglomeration compte 950.000 habitants. La banlieue (dénommée Gran Tucumán) comprend les localités de Banda del Rio Sali, Yerba Buena, Villa Mariano Moreno, Alderetes, El Manantial.

Photo : Ancien Cabildo de Tucuman détruit en 1908. Photo de 1879.

 
Photos : A gauche, la plus ancienne photo connue de la gare de Tucuman en 1875. (premiere gare). En 1891, ouvre une seconde gare, la station Sunchales du Ferrocarril Mitre sur plaza Alberdi.

A droite, la démolition en 1908 de l'ancien Cabildo pour pouvoir constuire le Palais du gouverneur sur le même terrain. Plaza de la Independencia. Tucuman.

  L'ERP et la guerilla tucumana :

Tucumán est la ville qui a le plus souffert de la répression armée contre les guérillas communistes dans les années 1970 (surtout entre 1974 et 1977). La ville compte le plus grand nombre de disparus et a connu l’ouverture du premier "camp de détention" argentin. Certains parlent même du début d’un génocide. Prémices de la dictature (nous sommes encore sous le gouvernement de Isabel Peron), les violations des Droits de l’Homme qui y eurent lieu sont encore de douloureux souvenirs pour les habitants. Une guerre n'est jamais propre, de la part de l'ERP ou de l'armée, les operations menées furent brutales et sans merci.

Photo : Première page du quotidien Crónica pendant la contre offensive gouvernementale en 1975. La Compañía de Monte Ramón Rosa Jiménez (PRT-ERP) était tres souvent engagée dans les attaques de la guerilla.

Article écrit sur l'ERP et "El Operativo Independencia" .

 

Vidéo : Tourisme à Tucuman. (2009) 7 mn 43 s.

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Photos : A gauche, la cathedrale en 1872. A droite : Agent de la circulation aux angles de la rue 24 de septiembre et avenida Avellaneda en 1940

Les conseils du Petit Hergé :
Lorsqu'on pense NOA, on cite de suite Salta, c'est peut être un peu vite oublier Tucumán, qui pour des raisons de profonde crise économique dans le secteur du sucre a moins miser dans les années 90 sur le tourisme que sa voisine, mais qui depuis 2003 à entrepris une politique de récuperation du centre ville et de mise en valeur de son patrimoine architectural. Pour le moment les premiers efforts son visibles autour de la rue piétonne longeant la Casa de la Independencia. Il faut esperer que le reste du centre ville va suivre le même chemin et que la Ville de Tucuman sera bientot à nouveau dans le circuit touristique régional. En tout cas, pour le moment vous pouvez y aller vous balader tranquilement sans l'ombre d'un seul touriste.

Photo : Magasin Guzmán et Sánchez sur calle 25 de Mayo au 213. Photo datant de 1920.

Avion de la Pan American Airways sur l'ancien aéroport de Tucuman (1940).D'autres articles du Petit Hergé :

- Le village de Tilcara (Provincia de Jujuy).
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Le village de Purmamarca (Provincia de Jujuy).
- Le village de Humahuaca (Provincia de Jujuy).
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Le village de La Quiaca (Provincia de Jujuy)
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Le village de Tumbaya (Provincia de Jujuy)

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L'insécurité à Buenos Aires.
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Reserva Parque Nacional Luro (La Pampa)
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Museo Nacional de Bellas Artes de Neuquén
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La calle Florida de Buenos Aires
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Vidéos argentines 1 à 10.

Photo : Embarquement en 1940 dans un appareil de la Pan American Airways sur le premier aéroport de Tucuman installé dans le parc 9 de Julio. Il faut attendre 1959 pour que l'aéroport Benjamín Matienzo soit construit.

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