Mise à jour : 18 mai 2008

De Angeli sur son tracteur samedi 17 mai 2008Tu dialogues et moi je durcis

On attend avec impatience la réunion que doivent faire les agriculteurs cet après midi à San Nicolas (Province de Buenos Aires). En effet nous nous trouvons juste à un moment charnière du conflit.

D’une part les 4 grosses entités syndicales du monde agricole aimeraient bien arriver à un accord avec le gouvernement et sortir au plus vite de la crise, d’autre part la base agricole (si on peut appeler ça comme ça) représentée par De Angeli et ses confrères de la province de Entre Rios ne veulent absolument pas entendre parler de négociation puisque seul le retrait de la rétention mobile de la part du gouvernement sur le soja pourrait leur faire arrêter leur mouvement de contestation.

Quant au gouvernement, voilà maintenant plusieurs jours qu’officiellement il n’y a plus de contact entre Cristina Kirchner son gouvernement et le monde rural. En fait il y a depuis ce week-end des rapprochements et des intermédiaires qui essayent de faire plier les deux positions vers un consensus pour remettre le pays au travail. Le monde agricole ne vend plus rien, mais la baisse de l’activité économique et des exportations sont aussi préjudiciables aux entrées de devises dans les caisses de l’Etat.

Manif le 25 mai :

Le monde rural a déjà appelé a faire une grande manifestation pour le 25 mai (jour férié en Argentine) à Rosario. Mais en même temps il a appelé le gouvernement à revenir dialoguer avec lui. Ce que ce dernier a refusé puisqu’il demande la fin de toute protestation et actions des agriculteurs avant de revenir s’asseoir à la table.

Nouvel acteur dans la crise… depuis vendredi les acteurs économiques du pays (industries, banques, commerces, bourses,…) ont fait savoir qu’il fallait au plus vite renouer le dialogue dans une sorte «ressaut patriotique». Car si l’INDEC et le gouvernement ne veulent ni le publier ou le reconnaître, les deux derniers mois de crise n’ont pas aidé l’activité du pays, et encore moins la balance extérieure qui était jusqu’alors largement positive.

Les gros bras de l'Uocra et les Camioneros qui se tapent dessus pendant le discours de cristina Kirchner le 14 mai 2008.Ce qui est sur, une fois la crise terminée, on pourra alors compter les points et voir qui est le véritable perdant dans cette histoire. L’Argentine est la véritable perdante. Elle a perdu des marchés à l’extérieur, des devises, des clients, même plus que ça… une crédibilité internationale.

Autre grande perdante : Cristina Kirchner. Incompétente pour résoudre un conflit sectoriel avant qu’il ne s’étende à toute l’activité d’un pays. Démonstration d’un système et d’une idéologie péroniste totalement obsolète dans le monde économique actuel. Elle a mis à mal aussi son propre parti en lui infligeant des tiraillements internes entre pro et anti retentions.

L’investiture de son mari Nestor Kirchner cette semaine (mercredi 14 mai 2008) s’est faite dans un stade ou les syndicalistes CGT se sont affrontés entre eux (physiquement) dans les tribunes et à l’extérieur, alors que Cristina faisait son discours. C’était franchement affligeant.

Même le piquetero Luis D’Elia le plus dur des durs des hommes de main de Kirchner ne sait plus trop ou il est en est. Il aimerait bien aller cogner du ruralista sur les routes du pays, mais Cristina pour le moment le freine. C’est vrai qu’il est un peu dépassé par les évènements. Il va aller à partir de mardi distribuer des prospectus sur 300 points de l’Argentine, une honte pour lui. Lui habitué à dialoguer à coup de gourdin, devoir faire le « volantero » (distributeur de prospectus dans la rue) pour explique sa position (donc celle du gouvernement) en faveur des retentions.

Au niveau international…. Cristina Kirchner peut regarder son agenda…..il est vide ! Comme c’est bizarre, pas un seul homme politique, un seul représentant de gouvernement étranger ne vient fouler en ce moment le sol de l’Argentine ! Elle est allée au sommet de Lima pour ces deux jours (sommet des pays latino-américains, Caraïbes et UE)… on était bien obligé de l’inviter !   Serait elle tombée en disgrâce celle qu’on appelait encore il y a deux mois dans la presse française, la « Hillary argentine» ? En tout cas, on évite soigneusement en ce moment Buenos Aires. (Angel Merkel par exemple qui a « oublié » de passer par ici.).

Une gaffe de plus !

Mario Cargnello a fait La dernière gaffe de Cristina Kirchner : Comme il se doit (depuis 1810), à chaque 25 mai, le président de la république argentine se doit d’assister à un Te Deum offert dans une cathédrale différente selon les années. (En Argentine, il n’y a pas de séparation Eglise-Etat). Tous les présidents (croyant ou non) se sont fait un devoir depuis près de 200 ans d’y assister. (Y compris les autres représentants des autres cultes qui prennent part à l’office).

Cette année Cristina a annoncé qu’elle ne se rendrait pas à la Cathédrale de Salta le 25 mai (ville choisie cette année pour le Te Deum).

Que de vagues et de tempêtes pour si peu….comme si elle devait (en plus) se mettre maintenant l’Eglise et les plus fidèles croyants sur le dos ! (Imaginez un peu pour un 14 juillet, Sarko qui annonce qu’il ne participera pas au défilé !?!)

Finalement Cristina a cédé après la vive pression de l’archevêque de Salta Mario Cargnello.

Comme quoi, avec un peu de persuasion, Cristina Kirchner peux changer d’avis !


Vidéo amateur prise pendant l'acte d'investiture de Nestor Kirchner à l'interieur du stade d'Alamagro le 14 mai 2008. ( 3 mn 52 s). Pendant de Cristina Kirchner parle de dialogue et de paix social (au monde rural), les casquettes boivent du vin en tetrabrick et les gros bras de la CGT (UOCRA et Camioneros) se mettent sur la figure. Les gradins se vident...


Pendant ce temps la, l'information sur TN qui explique que les discours ont été écourtés pour pouvoir évacuer le stade. 14 mai 2008 ( 4 mn 44 s).

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