Cristina Kirchner et la liberté de presse
15 avr. 2008 Mise à jour : 15 avril 2008
La liberté de presse d'après Cristina Kirchner
Voilà 12 jours que les routes sont ouvertes, et que les entités agricoles « négocient avec LA présidente et le gouvernement. (On reviendra sur l’avancement des négociations). Voilà qu’un deuxième front s’ouvre graduellement depuis quelques jours dans le dossier « Cristina » : La liberté de la presse.fr
En effet depuis une semaine, LA présidente Cristina Kirchner attaque directement (mais aussi indirectement via les groupuscules péronistes de tout poil) la presse et tout particulièrement les deux principaux journaux du pays : Clarín et La Nación.
En effet, LA présidente n’est pas contente de voir certains medias la critiquer, car si on ne partage pas SES idées on est forcement contre ELLE où même (puisqu’elle l’a dit) contre la démocratie. ELLE est donc LA démocratie (enfin, la sienne et à sa manière).
Voilà donc que depuis le 01 avril 2008, qu’à chaque apparition télévisée de sa part, elle porte des pics à l’encontre de ces médias qui sont « négatifs » (« negativos » en espagnol), car la critiquer est « négatif ». ELLE est positive et tout va bien en Argentine, sauf les medias à la solde de groupes « négatifs » (sûrement des ruralistas riches et bien entendu de la presse à la botte de groupes financiers). Si on continue dans le dérapage verbal et idéologique du Kirchnerisme, nous allons d’ici peu écouter de sa bouche que l’Inteligencia et les medias sont un ramassis de journalistes judéo maçonniques fomentant contre les intérêts du pays. Nous n’en sommes plus très loin, pour preuve une attaque de Luis d’Elia contre le journaliste Ernesto Tenenbaum (juif, intellectuel et de plus ayant eu des parents communistes… ah quelle horreur pour Cristina).
- Le 01 avril, elle monte à la tribune est déclare qu’une caricature d’elle sortie dans le Clarin montre l’attitude « casi mafieuse » de ce journal à son égard.
- Une semaine plus tard pendant une réunion de péronistes, une ribambelle d’affichette portée par les « casquettes » (ceux qu’on paye pour assister aux meetings péronistes) portent les slogans : « Clarin ment » ou « Telenoticias ment » (Telenoticias étant la chaîne d’information continue appartenant au groupe Clarín).
- Puis pendant une émission de télévision : Luis D’Elia (officiellement rien du tout, mais en fait gros bras du mouvement péroniste pour aller casser grève, manifestation ou tout autre réunion qui ne soit pas dans la vision idéologique de LA présidente), déclare que Clarín est un « pistolet pointée sur la tête de la démocratie » (J’adore toujours les images et les termes qu’il emploie, qui sentent toujours le vécu et sa vie quotidienne).
- Voilà maintenant qu’apparaissent ici et là des tags dans la rue portant l’inscription « Clarín ment ». Cela m’étonnera toujours de la part d’un gouvernement de devoir régler les problèmes non pas directement mais en employant toujours des groupuscules de miliciens. Pressions, graffitis, « manifestations spontanées », déclarations de soutiens bidon, etc...La bonne époque des chemises brunes en Allemagne !
Nous voilà tombé depuis deux semaines dans une guerre d’information et de propagande tout azimut, comme si le dossier agriculture pouvait se régler à coup de slogan. Mais maintenant comme je l’avais dit déjà au début du mois, le conflit dérape, et sort du contexte purement rural, ELLE commence à s’en prendre aux medias et de ce fait à la liberté d’expression.
Pourquoi ?
Parce que tout homme sain de corps et d’esprit (je parle de l’homme de la rue) ayant un minimum de connaissances et poussant un peu l’analyse se rend compte que LA Cristina Kirchner sombre au fil des semaines dans une mégalo schizophrénie. ON ne l’aime pas, parce que c’est une femme, parce qu’on en veut au pays donc à ELLE, parce que la presse conspiratrice veut SA tête, etc…
Nous sommes en plein délire. Je me rends compte qu’elle s’enfonce peu à peu, attaquant tout le monde, certains hommes politiques de son parti commencent à faire grise mine et montrent le bout du nez pour la « raisonner » mais ont une peur bleue de la « sorciere Cruela ».
Comment pouvoir dialoguer dans ces conditions qui doivent être SES conditions ?
En attendant :
Les employés de l’agence TELAM (agence de presse gouvernementale) ont dénoncé une « censure » au sein de leur organisme par des pressions. La dernière déclaration de cet organisme est : Nous rejetons une nouvelle fois la méthodologie utilisée dans le service de presse qui censure et interdit d’informer de manière réelle les abonnés et le peuple argentin.
Elisa Carrio (opposition) a déclaré hier que lorsque le propre fils du couple Kirchner : met en place à travers des mouvements de jeunesses péronistes des manifestations et des déclarations contre la presse, ça devient lamentable pour le pays.
Je crois que nous ne sommes pas au bout de cette histoire. La réaction de Cristina Kirhcner face au conflit des agriculteurs a été un déclencheur mais aussi un révélateur d’un système mis en place par son mari pour à la fois terroriser ses propres troupes en cas de désaccord, mais aussi museler l’opposition, démolir les mouvements de contestation et maintenant frapper la presse !
Je pensais que l’Argentine avait connu le pire sous Menem, je me rends compte que nous pouvons tomber encore plus bas !
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