Buenos Aires, lundi 31 mars 2008. 20h00 (01h du mat à Paris)


 

Photo : Supermarché à Mar del Plata au rayon viande et poulet ! Dimanche 30 mars 2008.

Journée riche en événements.


Tout d’abord le gouvernement a planché toute la journée sur les questions rurales pour pouvoir à 19h présenter de nouvelles propositions dans une déclaration télévisée.

Pendant la journée quelques affrontements sur les routes quand le gouvernement a envoyé la gendarmerie à Gualeguaychu pour déloger les agriculteurs des routes. Ce qui bien sur n’a servi à rien, car ce n’est pas 100 ou 200 gendarmes qui vont surveiller les milliers de Km de route de l’Argentine. Bref, les ruralistas se sont déplacés de quelques Km. pour aller couper ailleurs la route.



Photo . Petite mise en jambe pour les medias, on disperse les ruralistas de la route a Gualeguaychu. Lundi 31 mars 2008.
 

En fait tout le monde était pendant toute la journée concentré sur cette déclaration tant attendue. Alors bien sur à 19h, 10 chaînes de télévisions sur Buenos Aires retransmettaient la déclaration en direct.

Les 10 premières minutes réservées au ministre de l’économie qui a rabaché pourquoi il fallait augmenter la rétention et les aides qu’il allait accorder aux agriculteurs du NOE et NEA et aux producteurs de moins de 500 t de soja par an (d’après lui représentant plus de 80% des producteurs).

Donc rien de neuf….. Le gouvernement ne veut pas revenir sur son augmentation de rétention, il veut donc taxer tout le monde et ensuite rendre à ces 80% petits exploitants la différence de rétention. Il faut dire que maintenant il y va de la crédibilité du gouvernement, on a déjà largement dépassé le stade d’une crise agricole, alors bien sûr, Cristina Kirchner et le reste du gouvernement sont embourbés dans une idée qu’ils doivent coûte que coûte défendre, même si ils sont conscient maintenant d’une énorme gaffe psychologique et tactique.



Photo, les ruralistas deversent un camion d'orange sur la chaussée. lundi 31 mars 2008.
 

Coté ruraliste….A la fin du discours de Cristina Kirchner, même plus l’ombre d’une révolte ou d’une exaspération, mais plutôt des visages complètement figés dans une torpeur qui pourrait traduire de leurs parts : « Elle est complètement à coté de la plaque, cause toujours, on ne peut pas dialoguer avec une sourde, on n’arrivera à rien avec elle »

 

Peut on dire qu’en ce 20ème jour de crise, nous soyons arrivés à une nouvelle étape dans le pourrissement ? Je n’en sais rien, il me semble en tout cas, que ce soir nous soyons passés dans l’esprit des agriculteurs de « Essayons de dialoguer et de lui expliquer que nous allons tous à la débâcle dans nos exploitations si ils nous pressent comme des citrons » à «  On ne croit plus en elle, on n’a plus avec qui dialoguer, enfonçons nous dans un pourrissement, c’est elle qui sera la première à s’étouffer »

 

Cristina Kirchner a le chic dans un discours d’apaisement, de faire à la fois les yeux doux et de lancer des phrases totalement provocantes….. Je me demande si elle en a conscience, ou si c’est dans sa personne. Elle aura donc pu sortir ce soir la phrase « "Piensen como parte de un país y no como propietarios” (s’adressant aux agriculteurs : “pensez comme faisant partie du pays et non pas comme si vous en étiez les propriétaires » …C’est vrai que c’est très diplomate de sortir des trucs comme ça, et puis ça fait avancer le débat !

 

Je crois que ce soir…il n’y a plus rien à rajouter, si ce n’est ce sentiment d’avoir affaire à une personne qui n’a rien de la stature de chef d’état.


Merci à vous tous !
 

Depuis maintenant presque une semaine que je publie des bulletins sur la situation du campo, je reçois beaucoup de courrier (en plus de vos commentaires directs) de France mais aussi d’Argentine (10% des lecteurs de ce site sont en Argentine). Tout d’abord je vous remercie de vos mails, de vos questions aussi qui montrent que ce sujet vous intéresse mais je remercie aussi les français et autre francophiles qui vivent ici et qui sont directement touchés de m’apporter leurs commentaires.

Je vous joins ici un mail d’un exploitant agricole français installé à Carabelas dans la province de Buenos Aires.

 

« C'est l'accumulation de plusieurs décennies de désaccords avec les gouvernements successifs qui expliquent le "ras le bol" du secteur agricole après l'annonce de 44% de rétention à la source. D'autre part les agriculteurs sont déjà confrontés aux "compensaciones" par l'intermédiaire d'un organise d'état, ONCCA qui  doit payer des compensations sur les ventes de blé aux moulins et pour les producteurs de blé. Les réalités veulent que ces compensations attribuées par décrets sont distribuées au compte goutte et la grande majorité des bénéficiaires n'ont pas encore encaissé après plus de 6 mois, ce qui est mon cas pour un blé vendu le 19 septembre et dont les compensations sont bloquées Dieu sait où. Ce cas comme tant d'autres explique le refus systématique du secteur d'accepter toute intervention de l'état pour la commercialisation dans une orientation bureaucratique soviétisée.

Félicitations et bonne continuation. »

 

Pour demain mardi 1er avril :

 

A 16h, grand poisson d’avril sur la place de Mayo, où Cristina Kirchner prendra la parole devant un parterre de fervents partisans, où elle entamera sûrement un discours des plus populiste. Où elle defendra « la veuve et l’orphelin affamés des villas miserias contre l’oligarchie des estancieros en 4x4 qui les privent de nourriture ».

 

Tiens au fait, en pensant à l’oligarchie, un numéro très intéressant de la revue hebdomadaire « Noticias » qui titre en couverture « El fin de la Hegemonía K » (K = Kirchner), on apprend aussi qu’en 5 ans, la richesse personnelle de Kirchner est passé de 2 millions à 16 millions de pesos. Comme quoi la politique est plus rentable que l’agriculture.


Photo : Elle fait peur, elle fait même tres peur ! Photo lundi 31 mars 2008.

Comme d'hab, voilà la liste chronologique des articles sur le campo :

Le 26 mars 2008 à 20h00 : - Les derniers jours du gouvernement Kirchner ?
Le 27 mars 2008 à 13h00 : - La crise argentine dans le campo.
Le 27 mars 2008 à 20h00 : -
Discours de Cristina Kirchner.
Le 28 mars 2008 à 16h00 : -
On attend la réponse des syndicats agricoles.
Le 28 mars 2008 à 23h00 : -
La situation se détériore à nouveau.
Le 29 mars 2008 à 09h00 : -
Après la réunion avec Alfredo Fernandez.
Le 29 mars 2008 à 20h00 : -
Les syndicats agricoles durcissent le ton.
Le 30 mars 2008 à 15h00 : -
19ème jour de blocage, où en sommes nous ?
Le 31 mars 2008 à 20h00 : -
 Les agriculteurs désabusés.
Le 01 avril 2008 à 15h00  : -
Brouillard ce matin sur Buenos Aires.
Le 01 avril  2008 à 21h00 : - La crise de Cristina Kirchner. 

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