Manifestation cacerolazo contre la politique de Cristina Kirchner le 25 mars 2008 sur la Plaza de Mayo à Buenos Aires.
Les derniers jours du gouvernement Kirchner ?

 

Il n’aura fallu qu’un peu plus de 4 mois pour que les argentins descendent dans la rue pour manifester contre Cristina Kirchner.

 

A Rosario hier soir ! Les faits : Voilà maintenant près de 2 semaines que le « campo » (le monde agricole) argentin est en grève. Les vaches ne vont plus à l’abattoir, il n’y a que très peu de ramassage de lait, etc…. Pourquoi ? Parce que depuis maintenant près de 5 ans, le gouvernement de Nestor Kirchner et maintenant de son épouse taxe les producteurs d’une manière totalement absurde et congèle les prix à l’achat de toute la production agricole. A première vue, vouloir congeler les prix à l’achat parait une bonne mesure en pensant qu’ainsi le consommateur en bout de la chaîne va acheter son « bife de lomo »  à la boucherie au même prix. Mais voilà que d’une part la viande n’a cessé d’augmenter (comme tout d’ailleurs), aux environs de 40% en 1 an. (Le lait et les produits dérivés ont quant à eux subit des augmentations de près de 60% en 1 an), et d’autre part tous les prix des produits dont nécessitent les agriculteurs ont aussi augmenté dans les mêmes proportions. (Engrais, pièces mécanique de matériel, salaires des employés, etc.…) Lire article sur la crise du lait. 

 

Province de Cordoba : Blocage des camions dans la campagne par les agriculteursPour le producteur agricole :

 

Il ne peut pas vendre au prix qu’il désire, les exportations agricoles sont même lourdement taxées (un comble, quand on sait qu’en Europe ce sont les gouvernement qui aident la production et surtout les exportations). On taxe ici les exportations car le gouvernement pense (bêtement) que si il y a moins d’exportation, il y aura plus de produits pour le consommateur argentin et que les prix baisseront. En fait ce qu’il se passe, c’est que la production baisse de manière importante en raison des lourdes taxations et du manque de rentabilité et de ce fait il y a chaque fois moins de productions et les prix continuent à augmenter.

Quant on produisait autrefois 100, on exportait 60 et on consommait 40 en Argentine. Aujourd’hui on produit 80, on exporte 50, et on consomme 30 en Argentine…. Alors bien sur les prix continuent à monter ! Pire que ça, les agriculteurs en produisant 100 gagnaient de l’argent, aujourd’hui ils produisent 80, leurs exploitations ne sont plus rentables. Donc baisse de la consommation dans toutes les zones rurales d’Argentine en commençant par toutes les zones à forte activité agricole : Provinces de Buenos Aires, Cordoba, Santa Fe, Entre Rios. Le monde rural est maintenant entièrement contre Cristina Kircher.

 

Ce qu’il s’est passé hier (mardi 25 mars 2008) :

Un discours très maladroit de Cristina KirchnerLa situation est bloquée, les agriculteurs coupent les routes et empêchent tout camion chargé d’aliments de passer les barrages pour faire pression sur le gouvernement afin qu’il revienne sur sa décision de nouvelle augmentation de taxe sur leurs productions.

Pendant toute la journée, on attend une réaction et un discours de Cristina Kircher (qui n’a pas une seule fois en 2 semaines rencontré les syndicats agricoles, et qui refuse toute négociation).

A 18h00, Cristina Kirchner prend la parole à la Casa Rosada devant les journalistes et les membres de son gouvernement. Tout le monde espère alors un geste de sa part pour apaiser le monde rural.

Bien au contraire, elle sort quelques phrases incendiaires contre les campesinos, je cite :

« Je ne me soumettrai à aucune extorsion »

« Il s’agit de grevistes de la richesse » (Son piquetes de la abundancia)

 

Stratégie de Cristina Kirchner (Si il y en a une !) :

Faire passer le message : « Les agriculteurs sont tous des nantis, ils prennent en otages le reste des argentins en bloquant les routes. Le monde rural est riche et doit aider les pauvres en étant plus taxé que les autres ».

En fait elle veut faire passer tous les agriculteurs pour de riches estancieros, quant on sait que ceux-ci ne représentent qu’une infime proportion du monde rural argentin.

 

Cette nana n'est pas argentine (sur le panneau, pour ne pas nommer Cristina Kirchner)Pour le consommateur :

 

Il ne s’y retrouve plus, les prix augmentent de 40% en 1 an, son salaire augmente quant à lui de 10%, mais comme le gouvernement truque les chiffres de l’inflation à 8%, les Kirchner poussent le bouchon jusqu’à répéter à longueur de discours que l’argentin a donc gagné en pouvoir d’achat. (10%-8% = 2% d’amélioration pour les ménages). Lire article sur l'INDEC et l'hyperinflation. Les argentins, toutes classes sociales confondues, en ont assez de ce discours et détestent l’hypocrisie de Cristina Kirchner.

 

 

Avenida Santa Fe et Callao hier soir à Buenos Aires.
Réaction :

Dès la fin du discours de Cristina Kirchner, pour la première fois depuis la crise de 2001-2002. Les argentins de la classe moyenne de Buenos Aires sont sortis dans la rue avec les casseroles pour montrer leur désapprobation contre la politique agricole du gouvernement mais aussi pour montrer un « ras le bol » contre l’inflation, contre le flou économique, contre une ambiance de mensonge envers la population.

 

La lutte qui la semaine dernière concernait uniquement le monde rurale et leurs problèmes sont entrain de déborder socialement sur tous les secteurs de la population. Cristina Kirchner n’a pas senti venir le ras le bol et les tensions sous-jacentes qui existaient déjà depuis quelques mois dans la population (y compris celle des villes).

Je pense qu’elle n’a plus aucune prise sur la situation et que son gouvernement va rapidement s’effondrer dans les prochains jours.

 

Vidéo amateur tournée hier soir (mardi 25 mars 2008)
au coin des avenues Santa Fe et Callao à Buenos Aires

 

Luis D'Elia, l'homme de main des KirchnerLa cerise sur le gâteau :

 

Vers 23h, alors que depuis plus 3 heures les manifestants contre Cristina Kirchner occupaient la zone de Plaza de Mayo, diagonal Norte, Avenida de Mayo. Celle-ci n’a pas envoyé la police pour « rétablir l’ordre » mais ses milices. On les appelle les « piqueteros K », en fait ce sont des hommes de main mafieux, avec en tête D’Elia, qui intervient lorsque le clan Kirchner a besoin d’eux. C’était le cas hier.

Pas l’ombre d’un policier de la Police fédérale hier soir dans le centre, les piqueteros K avaient ordre de taper sur les manifestants. Sur les photos que vous pouvez voir dans la presse (même européenne), ce sont ceux là qui tabassent du « ruralista » en toute impunité.

D'Elia fonçant hier soir avec ses gorilles sur les manifestants ruraux
Hier soir sur l'Avenida de Mayo, quand D'Elia arrive avec ses gorilles envoyés par Cristina Kirchner pour "casser" du manifestant pro-rural. Voila comment Cristina Kirchner a sa propre vision de la démocratie.

 

Manifestation contre les portes d'entrée de la Quinta d'Olivos où loge Cristina Kirchner
Situation en ce jour mercredi 26 mars 2008 :

-          Le monde rurale est regonflé à bloc pour aller jusqu’au bout, on commence même à entendre qu’on veut maintenant la tête de Cristina Kirchner, donc radicalisation du mouvement agricole.

-          Une partie de son bloc politique la lâche, par exemple le gouverneur de la province de Cordoba a montré hier sa désapprobation de la politique de Kirchner.

-          La CGT, syndicat toujours fidèle au clan Kirchner commence à percevoir des fissures dans ses effectifs, certains n’ont plus peur de montrer leurs désaccords avec Kirchner.

-          Les médias sont à 90% contre Kirchner, seule la chaîne contrôlée par le gouvernement Canal 7 diffuse des débats où les invités reprennent le discours kirchneriste : « La gentille Cristina défendant les opprimés et les affamés contre les méchants estancieros riches et leurs valets bourgeois de Recoleta »

-          Même les journaux Clarin et La Nacion, jusqu’alors neutres avec quand même une légère inclinaison kirchneriste ont totalement viré de camp dans les éditions datées d’aujourd’hui et soutiennent les « ruralistes ».

-          Dans les supermarchés de quartier de Bsas, la viande, le poulet, les œufs, le lait et ses dérivés manquent. Seuls les gros de la distribution sont encore approvisionnés.

 

 

Dans les rues de Cordoba le 25 mars 2008.Voilà un long article, mais la situation en moins de 24h a totalement basculé, et ce soir même (26 mars 2008), on attend à nouveau des manifestations à Buenos Aires mais aussi dans les grandes villes comme dans les villages. Certaines routes des provinces de Buenos Aires, Entre Rios, Santa Fe sont coupées aux camions alimentaires.


Tous les articles sur la crise de Cristina Kirchner :

Le 26 mars 2008 à 20h00 : - 
Les derniers jours du gouvernement Kirchner ?
Le 27 mars 2008 à 13h00 : - La crise argentine dans le campo.
Le 27 mars 2008 à 20h00 : -
Discours de Cristina Kirchner.
Le 28 mars 2008 à 16h00 : -
On attend la réponse des syndicats agricoles.
Le 28 mars 2008 à 23h00 : -
La situation se détériore à nouveau.
Le 29 mars 2008 à 09h00 : -
Après la réunion avec Alfredo Fernandez.
Le 29 mars 2008 à 20h00 : - Les syndicats agricoles durcissent le ton.
Le 30 mars 2008 à 15h00 : -
19ème jour de blocage, où en sommes nous ?

Le 31 mars 2008 à 20h00 : - Les agriculteurs désabusés.
Le 01 avril  2008 à 15h00  : -
Brouillard ce matin sur Buenos Aires.
Le 01 avril  2008 à 21h00  : - La crise de Cristina Kirchner. 

 

 

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