Mise à jour : Du 7 au 11 avril 2015. Catégorie : Buenos Aires.

La mode de la sauvegarde :

 

Si une chose a changé depuis mon arrivée dans le pays et plus particulièrement dans la ville de Buenos Aires, c’est la conscience des autorités (nationales et municipales) de sauvegarder et ensuite de restaurer le patrimoine architectural (mais aussi naturel, culturel, folklorique, …). Ils ont enfin pris conscience que sauvegarder c’était aussi se souvenir de son passé et mettre en avant l’histoire, même si l’Argentine est un pays « neuf » et que bien souvent l’échelle de son passé n’est pas à la mesure de celle de l’Europe. Alors on s’extasie devant un pan de mur qui n’a qu’un siècle, et la moindre machine à coudre à pédale Singer devient maintenant ici un élément qu’on valorise comme si son concept était sorti tout droit d’une planche de Leonard de Vinci.

Bref, sans vouloir m’étendre plus en avant dans les joies les plus extrêmes du porteño ayant attrapé la maladie de la « muséonite », on en viendrait presque à classer de « bâtiment historique », un modeste bâtiment des années 90 (je parle de 1990) car habité durant 2 mois par un poète ou un journaliste que seuls ses collègues connaissaient de son vivant, quant au « bar notable », on vous expliquera que Messi y venait avec sa grand mère pour y prendre un submarino quand il avait 5 ans.

Vous aurez compris, l’Argentine c’est aussi l’absolu délire du tout ou rien. Dans les années 1980 on passait le bulldozer sur un Palacio ou sur un Théâtre, dans les années 2010 on cherche si des fois l’arrière grand père du voisin de celui qui avait connu personnellement un illustre inconnu y venait promener son chien. A ce jeu la, il faudrait déjà que je fasse la liste infini d’immeubles que Carlos Gardel a occupé. A se demander s’il ne déménageait pas chaque semaine ! (On pourrait mettre « le » chapeau de Napoléon dans chaque appartement de Gardel).

Photo : La façade rénovée du Gran Rivadavia (2015)

Photo : Façade en 2009 du Gran Rivadavia avant les travaux.

Teatro-Cine Gran Rivadavia :

 

Longue introduction pour le sujet suivant, qui est le sauvetage du Cinema Gran Rivadavia dans le quartier de Velez Sarsfield, sujet qui passe dans les medias porteños début avril 2015. Mais ou est Velez Sarsfield, me direz vous ? O ! Stupides touristes jamais sortis de votre sempiternelle « découverte de la ville qui se cantonne à San Telmo, Recoleta et Palermo ». Mais oui, Buenos Aires a heureusement d’autres quartiers à découvrir, comme celui de Velez Sarsfield (qui en passant n’est connu que de ses seuls habitants). Bref, Velez Sarsfield c’est après Flores et après Floresta toujours au bout de l’Avenida Rivadavia.

Donc nous voila plongé au cœur d’un quartier de 40.000 habitants qui ne possédait plus une seule salle de théâtre ou de cinéma, et qui, à force de patience (les argentins en sont riche) et d’une somme de 10 millions de pesos (1 million d’euros) ont pu rénover la vielle salle pour lui donner une seconde vie.

Photo : La façade du Gran Rivadavia en 2005 avant sa fermeture et sa rénovation.

Video : Manifestation en mars 2012 de l'association de sauvegarde du cinema.

Photo : Entrée dans le hall pricipal avant rénovation (2009).

Ouverture en 1949 :

 

La salle ouvre la première fois le 12 mai 1949. Nous sommes situés sur l’artère principale du quartier, l’avenida Rivadavia. Le Gran Rivadavia est une des plus grandes salles de Buenos Aires (1.500 places) dans un style dit « rationaliste ». Le grand gourou du rationalisme argentin est l’architecte Alberto Prebisch (Obelisque de Buenos Aires, le Gran Rex, …). Devant son succès bon nombre d’architectes ont emboité le pas dans les années 40 pour recréer du « Gran Rex » a toutes les sauces, c’est le cas de ce Gran Rivadavia.  L’âge d’or de cette salle s’étendra des années 50 jusqu’á la fin des années 70. On se souvient encore que le dimanche il y avait une séance continue l’après midi avec trois films différents qui se succédaient. Ensuite vint l’apparition des cassettes VHS et des premiers vidéoclubs qui sonnèrent le déclin irrémédiable pour cette salle qui malgré ses dimensions n’était qu’une salle de quartier. Les salles du centre ou de l’avenida Santa Fe résistèrent mieux (bien que celles-ci disparaissent tout de même au début des années 2000).

Alternant entre spectacle de variété et cinéma, la faillite se rapproche au début des années 2000 et la dernière propriétaire des lieux, Edith Suñe doit se résigner à fermer la salle en 2004 devant l’incapacité de devoir faire des travaux pour la mettre aux nouvelles normes de sécurité.

Photo : Grand escalier avant travaux de rénovation en 2009.

Photo : La salle entièrement rénovée (Photo avril 2015).

    

Photo : A gauche le grand escalier dans le hall avec ses deux étages (Photo 2009). Au centre, apres rénovation élément de la statue centrale (Photo avril 2015). A droite la statue centrale avant rénovation (Photo 2009).

Photo : Aprés rénovation, le grand escalier (Photo 2015).

Patio du Palacio EstrugamouLa lucha para siempre :

 

Les habitants de Floresta et de Velez Sarsfield, eux ne se résignent pas, et lorsque un énorme panneau est placardé en façade en octobre 2009, pour mettre le terrain en vente, ils se regroupent tous pour former une association de défense de la salle. L’association se nomme « Salvar al Gran Rivadavia ». Ils se battent pour faire reconnaitre au gouvernement de la ville, l’importance culturelle des lieux. En novembre 2011, ils ont gain de cause, et savent que le bâtiment ne pourra plus être démoli. Le Cine Teatro Gran Rivadavia est declaré « Sitio de Interes Cultural ». Il fallu ensuite trouver un investisseur pour reprendre le « mammouth », le nettoyer et le relancer. Edith Suñe trouve un repreneur en octobre 2013, la société productrice de spectacle, Ake Music. Aquiles Sojo est le principal propriétaire de cette société. Ake Music a dans l’idée de partir sur cette stratégie de récupération d’anciens théâtres et cinés à Buenos Aires pour pouvoir commencer à faire de la programmation musicale. La Salle est géré par « Teatro Gran Rivadavia S.A.", une filiale du groupe.

Les travaux de rénovation commencent début 2014. Le plancher de la salle a été refait pour lui donner une nouvelle pente. Les fauteuils sont les mêmes lustrés et retapissé, les bois et parois rénovés. Au niveau des normes de sécurité, a été installé au dessus de la scène, un réservoir d’eau d’une contenance de 36.000 litres (exigée depuis la tragédie de la salle de Cromagnon en 2000).

 

Les travaux sont terminés et la ré-inauguration a lieu le 24 avril 2015 avec une programmation de Pimpinela. Pimpinela étant un duo de chanteur argentin, qui est a la variété argentine, ce que fut notre Stone et Charden à la française.  Charden est resté, Stone nous a quitté, mais Pimpinela après quelques séances de collagènes et d’acides hyaluroniques résiste toujours. Le look et le style restent années 70 ignorant le second degré, ils sont vintage sans le savoir. 

Les Conseils du Petit Hergé :

 

Si le quartier n’est pas connu, voila donc maintenait un motif pour aller le découvrir. C’est tout de même après le Gran Rex, la seconde salle (de cinéma) en grandeur de la capitale. Donc précipitez vous sur le supplément spectacle du Clarin pour voir si au Gran Rivadavia il y a quelque chose qui puisse vous intéresser. Comme la programmation  sera essentiellement musicale, inutile de savoir ou non parler espagnol, laissez vous porter par la musique.Pour y aller, c’est simple, métro A vous descendez au terminus San Pedrito et il reste 12 blocs à a faire sur Rivadavia (a pied ou en bus bien plus rapide).

Photo : Lors d'un récital en 2003.

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