Musée Coleccion Fortabat (Puerto Madero - Buenos Aires)
22 août 2009Mise à jour : 10 juin 2016 (2ème édition). 20 août 2009. Catégorie : Buenos Aires.
Article écrit par Grégoire Borgoltz.
Le Musée Fortabat de Buenos Aires : Ouvert en 2008, la Coleccion de Arte de Amalia de Fortabat est la plus importante collection privée du pays. Ce week end la « dueña » a eu 89 ans, nous en profitons pour la présenter elle et son musée… Amalia Lacroze de Fortabat est considérée comme la femme la plus riche d’Argentine : sa fortune est estimée à 1600 millions de dollars, elle possède 40 estancias en argentine et des appartements dans plusieurs grandes villes du monde. En 2005 elle décida de vendre les cimenteries Loma Negra à un grand groupe Brésilien pour plus d’un milliard de dollars. Trois ans plus tard, la « Coleccion de Arte Amalia Fortabat » ouvrait ses portes sur Puerto Madero |
Rapide petite chronologie sur la famille Fortabat :
Tout commence en 1924, quand Alfredo Fortabat (1894-1976) décide de construire à 300 Km de la capitale dans la province de Buenos Aires une fabrique de production de ciment (Loma Negra). En 1927, l’usine entre en production et des centaines de nouveaux immigrés tout fraîchement arrivés d’Europe s’installent pour y travailler. Un village se développe donc autour de la fabrique et prend le nom de Villa Alfredo Fortabat. Le 09 novembre 1947, le village est administrativement reconnu comme commune. Aujourd’hui 4.000 argentins y vivent. Le village c’est LA fabrique, et la fabrique c’est LA famille Fortabat, qui monte à partir de la fin des années 20, un empire dans le monde de la construction. On peut estimer qu’à partir des années 50, la famille Fortabat est l’une des plus fortunée du pays. Il se marie avec María Amalia Lacroze de los Reyes Oribe (né en 1921) dans les années 40, elle venait juste de divorcer de Hernán de Lafuente avec lequel elle s’était mariée à l’age de 19 ans et eut son seul enfant (Maria Ines). Elle est issue d’une des grandes familles de ce début du XXème siècle. A la mort de son mari Alfredo Fortabat en 1976, elle a hérité de la totalité de sa fortune et de ses cimenteries, Loma Negra – quand on dit totalité c’est vraiment le cas car au moment de la mort d’Alfredo Fortabat, la ministre des finances de l’époque Martinez de Hoz (sous Jorge Raphael Videla) a supprimé l’impôt sur les héritages. Ensuite elle a financé la campagne présidentielle du président Menem qui le lui rendit bien une fois élu en la nommant successivement ambassadrice plénipotentiaire de l’Argentine puis directrice du fonds national des Arts. Ce fut son entrée dans le monde de l’art et les premiers signes de son influence sur la politique en Argentine. Quelques années plus tard, en 1997, elle déclarait d’ailleurs « en Argentine je peux faire ou défaire un président de la république ». Personne n’en doute… Elle reprend donc en 1976 la direction de l’entreprise et la dirige d’une main de fer et continue de développer l’empire Fortabat. Dès 1999, la revue Forbes la classe comme la troisième personne la plus riche d’Argentine. A l’age de 85 ans, en 2005, elle vend la société Loma Negra au groupe Camargo Correa (investisseurs brésiliens) pour plus d’un milliard de dollars et devient cette fois ci la femme la plus riche du pays. Amalia Fortabat a toujours participé à la vie culturelle du pays et à très souvent participer à des mécénats. Elle s’est toujours montrée passionnée d’art et de peinture et a au cours de sa vie acheté de très nombreuses œuvres. Sa fortune personnelle serait estimée aujourd’hui à 1.200 millions d’euros. Amalia Fortabat décède le 18 fevrier 2012 à Buenos Aires à l'age de 90 ans. |
Photo : Le Musée Coleccion Fortabat face au dique 4 de Puerto Madero. Photo aout 2012. |
L'Architecture futuriste de la "Coleccion de arte Amalia Fortabat" : L’architecte uruguayen Rafael Viñoly (né en 1944) est le créateur de cet espace. Cet architecte après avoir résidé longtemps à Buenos Aires et maintenant installé à New York depuis 1979. On lui doit entre autres le Forum de Tokyo, le Centre Financier du Caire et la Bibliothèque de Chicago. Le chantier du musée fut commencé en pleine crise économique en 2002, et fut à plusieurs fois interrompu. Il faut dire que la collection elle-même faillit périr sous une dette qui pu être rééchelonnée à partir de 2003. En effet en avril 2003 la collection du être placée en garantie pour financer la dette de 240 millions de Usd de la société Loma Negra. Ce n’est qu’en 2006, que la collection retourna aux mains des Fortabat. Pendant de longs mois on espérait enfin voir ses portes ouvrir, Amalia Fortabat prenant part aux dernières modifications de l’agencement intérieur, plusieurs décalages de dates d’inauguration, tout d’abord prévue en 2007, puis pour mars 2008, finalement elle eut lieu le 08 octobre 2008. Avec ses baies vitrées et son style futuriste, le bâtiment s’intègre parfaitement dans le style de Puerto Madero. Une fois à l’intérieur, on retrouve le style sobre et élégant avec des murs nus. Les employés sont accueillants. Au total 230 œuvres sont exposées au public. Peut être trop de lumiere dans ce bâtiment, quelques mois après son ouverture on se pose la question de savoir si le soleil ne met en peril les oeuvres ! |
Photo : Façade sur bassin du Musée Fortabat de Buenos Aires. |
Photo : Porche d'entrée du Musée Fortabat de Buenos Aires. |
Que voir dans le musée ?
On accède ensuite à la grande salle par un escalator. Si les noms des artistes de la première salle ne parlent pas beaucoup au visiteur novice européen puisqu’on y trouve essentiellement des artistes argentins comme Antonio Berni, Xul Solar et Luis Felipe Noé, les toiles exposées ensuite dans la salle principale n’ont rien à envier à un musée européen : on trouve des Dali, un portrait d’Amalia par Andy Warhol, une sculpture et des dessins de Rodin, un Turner et un Bruegel. Un gardien très sympathique m’a d’ailleurs confié que le Turner était estimé à plus de 170 millions d’euros… Si cette salle est assez agréable avec son parquet et ses murs blancs, on peut toutefois la trouver un peu grande et on aurait préféré la voir coupée en deux pour ne pas se sentir asphyxié voire découragé en voyant le nombre d’œuvres qu’il reste à voir. Le premier étage est consacré à l’art abstrait. Même pour ceux qui ne sont que très peu sensible à ce style, on peut tout de même admirer cette vaste salle et sans aucun doute la vue. Structure en verre donnant sur les quais de Puerto Madero, face au soleil qui se couche, c’est tout simplement superbe ! La vue du second étage est tout aussi belle, mais on change de registre : ici on trouve un vase grec du 4e siècle avant JC, un masque égyptien, des hiéroglyphes… On ne voit pas trop ce que cette dizaine d’objets sans lien apparent font là mais c’est agréable de finir sur cette touche originale… |
En conclusion : Il est certain que la visite du Musée Fortabat s’impose lorsqu’on fait un tour dans le nouveau Puerto Madero, il conclue à la fois le tour de vos visites artistiques de la capitale si vous êtes déjà passé au Musée des Beaux Arts de Recoleta et au MALBA de l’avenida Alcorta, et il achève la découverte de Puerto Madero en vous offrant par ses baies vitrées de superbes points de vue sur les bassins et les nouvelles constructions du quartier. |
Fiche technique :
- Adresse : Olga Cossettini 50 (Sur le bassin 4 / Darsena 4) à la hauteur de l’avenida Cordoba. - Telephone : +54 (11) 4310 6600 - Site Web du Musée Fortabat. |
Photo : Coupe longitudinale sur le bâtiment du Musée Fortabat de Buenos Aires. |
Pendant la construction : Photos : A gauche photo de 2000 montrant l'assemblage de la structure métallique coté quai. A droite, photo 2001, la façade en construction coté calle Olga Cossettini.
Photos : En 2001, à gauche, façade sur quai avec installation des panneaux, à droite façade sud. |
Photos : Même angle de vue entre à gauche le Fortabat en construction en 2001, et à droite terminé en 2008. A droite on voit que l'immeuble de logements se trouvant à l'arrière du Fortabat, le "Forum Puerto Madero" est en cours d'achèvement. |
Photo : Une "ancienne photo" de 2001. On voit le Fortabat en construction face au dique 4. A droite le futur Edificio Forum Puerto Madero n'est qu un terrain vague. L'Opera Bay est encore debout, et à sa droite la future tour Madero Office n'est qu'un parking. |
Les conseils du Petit Hergé :
La « Colección Fortabat » est à insérer impérativement dans le circuit classique du quartier de Puerto Madero. D’une part pour connaitre l’édifice de l’intérieur, pour voir ensuite les œuvres qui y sont placés, enfin pour avoir un très beau point de vue en hauteur du Dique 4 et des ses alentours. Et puis si vous avez déjà marché longuement, pour pouvoir vous reposer un peu avant de poursuivre la découverte du quartier. Comme toujours, et surtout pour Puerto Madero, privilégiez un jour ensoleillé et de préférence le mercredi, puisque l’entrée est à moitié prix. N’oubliez pas d’aller voir dans le secteur, la Fregata Sarmiento (à 500 m), La Reserve écologique (entrée a 200 m), la Costanera (à 200 m), La Terminal de Buquebus (à 300 m), Le Luna Park (à 400 m), le début de la Avenida Corrientes (à 400 m). |
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