Mise à jour : 27 novembre 2011. Article écrit par Bastien Hattiger.

La désolation :

Le 23 Octobre 2011, 18h. Les bureaux de votes ferment. De Jujuy à Ushuaia, l’attente des résultats des élections croît dans tout le pays à un lieu près : le QG de Ricardo Alfonsín. Seulement quarante deux personnes, pour la majorité des journalistes, attendent le dénouement de l’évènement politique le plus important de ces quatre dernières années. Pas de liesses, de chants, pas de mobilisations non plus. Seule une poignée de dirigeants qui se préparent à la défaite…Les 37 points d’avance qu’avait Cristina Kirchner à l’issue des primaires sont bien trop grands à combler. Le QG des radicaux est en réalité le théâtre d’une scène presque désolante. Les quelques figures emblématiques du parti alors présentes oscillent entre satisfaction et déception, une émotion bipolaire pour le moins difficile à comprendre. Les murs gris du comité national de l’UCR sont aujourd’hui les témoins de la solitude d’un parti.

Il faut se contenter d'une troisième place :

19h. Le climat a quelque peu changé, loin de la musique dance qui ambiançait le NH City, cette fois ci les radicaux ont choisi un rock national tandis que de nouveaux courageux arrivent : les candidats Hernan Rossi et Miguel Bazze, ainsi que le chef du radicalisme de la Chambre basse, Ricardo Gil Lavedra. La lutte pour rester en deuxième position de l’électorat est le défi le plus excitant, tout du moins le plus accessible, bien que les sondages montrent Hermes Binner mieux placé. Finalement les urnes confirment la tendance, le parti de Ricardo Luis Alfonsín termine 3ème de ces élections avec 11,2% des votes (le meilleur résultat étant réalisé dans la province de Cordoba avec 18,87% des votes et le pire dans celle de Santa Fe avec un taux de 5,68%). Contre toute attente cependant, l’UCR assurera toute la nuit qu’ils resteront derrière Cristina Kirchner au cours de son mandat. Mais ni la grande différence en termes de voix Cristina Kirchner, ni la défaite face à Binner ne paraissent pourtant avoir eu raison de l’optimisme de certains dirigeants du parti qui se disent satisfaits de ces élections présidentielle : « L’UCR à fait une bonne campagne. Nous sommes satisfaits. Nous n’avons aucune raisons d’être mal, tout le contraire », affirme par exemple Miguel Bazze.

Vidéo : la Reconnaissance de l'échec, discours après les résultats.

Nous avons appris beaucoup...

Après la victoire assurée de Cristina Kirchner, des milliers de sympathisants kirchnériste se regroupèrent dans le centre ville, histoire de célébrer le triomphe. Beaucoup en profitèrent pour prendre d’assaut la Calle Alsina de Buenos Aires et ainsi passer devant le QG radical. C’est une mine déconfite et résignée des radicaux qui accueille les militants pro-Kirchner faisant avec leur doigts le signe « V » depuis leurs automobiles, en symbole de victoire.

Puis, c’est finalement sous les cris « Alfonsín ! Alfonsín ! Alfonsín ! » que le candidat de l’UCR à la présidence arrive à son QG parmi les flashs et les applaudissements. Lors d’un discours rapide, le député se montre par ailleurs relativement autocritique : « Nous avons appris beaucoup en vue de la prochaine élection. Nous ne ferons plus les mêmes erreurs ». Alfonsín prend alors du même coup rendez-vous avec l’avenir. Il ajoute également que le parti ne « mettra pas de bâtons dans les roues » de Cristina et se déclare lui aussi satisfait de son résultat. « Nous ne croyons pas aux hommes providentielles, mais seulement à un système de parti », finit-il par résumer.

Photo : L'UCR brisé après les elections présidentielles de 2011 ?

On contient sa colère :

Immédiatement après le discours, l’ensemble de la formule présidentielle composée de Garrido, Rossi, Gil Lavedra, Miguel Bazze et Jesus Rodriguez se retirent dans l’attente des résultats officiels. La colère est présente depuis la première minute, sous-jacente,  il est possible de la sentir mais elle reste cependant inaudible. L’absence d’Ernesto Sanz, président du parti, en est une raison. Le Sénateur de la Province de Mendoza, rival d’Alfonsín lors des internes, n’est pas présent et a préféré en effet rester dans sa province… « Il a du suivre de près les élections depuis Mendoza », s’exclame avec un sourire quelque peu moqueur un partisan alors présent. « Tout le monde sais bien ce qu’il a fait et ce qu’il n’a pas fait », poursuit-il plus sérieusement. Mais incontestablement le grand absent de la nuit est surtout Francisco de Narváez. Le candidat de l’Udeso au poste de gouverneur avait été présent le 14 Août au NH City. Sa présence avait été un fort symbole d’unité. En revanche cette fois-ci il ne préféra pas se rendre ni au QG d’Alfonsín ni à celui d’Alberto Rodriguez Saa, son nouveau allié national. « L’UCR est très irritée» déclare un membre du radicalisme.

Aux alentours de 22h, lorsque les lumières commencent à s’éteindre, un camion rempli de banderoles et de dizaines de militants de la jeunesse radicale se prépare à débarquer au Comité National. Mais il était déjà tard. Quelques secondes plus tôt Alfonsín a déserté les lieux. Il n’y a finalement rien à célébrer…

Photo : 1 mois plus tard, la convention de l'UCR le 20 novembre 2011. On ne sait plus où l'UCR doit se diriger !

Vidéo : 1 mois après les élections, la convention de l'UCR le 20 novembre 2011 qui tourne au fiasco, reglement de compte, quelques bousculade...... Ricardo Alfonsin se sent un peu perdu au premier rang (à la 0mn 22s).

L'UCR en plein brouillard !

Depuis les élections, la lutte pour être le prochain dirigeant du radicalisme a déjà débuté. Une partie de l’UCR reconnait en effet la nécessité de « reformuler » le parti et soutient que les alliances qui ont été faites durant la campagne présidentielle 2011 ont dénaturalisé l’essence même de parti radical. Le premier à se manifester à cet égard sur la chaîne de radio Radio Continental fut l’ex ministre de l’Intérieur de la Nation, Federico Storani : « Les alliances qui ont été faites, celles qui ont dénaturalisé notre essence et ont brouillé notre identité, n’ont été faites que par pur pragmatisme, dans la recherche du succès, mais au détriment de nos valeurs ». Ernesto Sanz adopte une position similaire et estime qu’il faudra que le parti « travaille intensément de l’intérieur pour retrouver une dynamique bénéfique à la société». « C’est le moment d’identifier nos erreurs afin de les corriger. Mais non pour nous affliger plus de mal ou générer des conflits internes au parti qui profiterait à tous ceux qui souhaite l’affecter », ajoute-t-il.

De son côté Miguel Bazze, premier candidat député de l’UDESO pour la province de Buenos Aires, concède que l’accord avec De Narváez fut « plus traumatique que ce qu’il avait imaginé ».

Le parti de l’UCR semble donc pour le moment en plein brouillard. Les leçons des résultats plutôt moyens aux dernières élections doivent être tirées et plus important encore, la cohésion au sein du  radicalisme est à retrouver. Une affaire à suivre !

Photo : Lors de la convention de l'UCR le 20 novembre 2011. On regle ses comptes !

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